Je pense qu’il est temps de doter la Volonté d’un topic
freespoil * sur cet excellent manga par Shinobu Kaitani, l’un des anciens maîtres d’un certain Eichiiro Oda, son ouverture n’aura que trop tardé à cause des feignasses de la section (moi compris) parce qu’il le mérite amplement.
La parution de
Liar Game dans le Young Jump a commencé en 2005 et n’est toujours pas finie à l’heure actuelle, avec un rythme lent qui impacte actuellement de plus en plus la parution française (14 tomes au pays du Soleil Levant, 11 en France). Le manga a été adapté en série et en film et est upgradée de quelques tomes annexes qui étoffent un peu les personnages et varient les casse-têtes proposés (le A est paru en France).
« Naïf (adj. mascul. sing.) : se dit d’une personne ingénue, crédule. syn. : pigeon.
ex. : Nao Kanzaki croit tout ce qu’on lui dit, c’est une fille naïve. »Nao Kanzaki est la naïveté et l’honnêteté mêmes. Lorsqu’elle est nommée d’office participante au
Liar Game Tournament, tournoi louche où le mensonge et la trahison sont les règles d’or, avec pour commencer une dette immédiate de 100 millions de yens, cela s’annonce très mauvais. Sauf quand on réussit à rallier à soi un escroc de génie, Shinichi Akiyama.
« Escroc (nom com. mascul. sing.) : personne qui escroque, qui a l'habitude d'escroquer, de s'emparer de quelque chose malhonnêtement, frauduleusement.
ex. : Shinichi Akiyama a roulé des tas de gens, c’est un escroc. »Je ne vais pas présenter plus en détail la série et ses personnages, le manga étant basé sur les raisonnements et les retournements de situation à gogo, il vaut mieux laisser le plaisir de la découverte pour ceux qui ne connaitraient toujours pas
Liar Game.
Que dire sur ce manga ? si ce n’est que dans la catégorie « cérébral et jouissif », on a rarement vu quelque chose d’aussi bien.
Le plot de départ est basique, l’introduction un peu tremblante mais finalement très cohérente : l’auteur réussit à s’ouvrir des portes sans submerger le lecteur d’informations et en profite pour développer au fur et à mesure son tournoi. Le parti-pris est prudent et retombe bien sur ces pattes lorsque le rythme de croisière de l’intrigue est lancé.
Les personnages sont excellents et ne sont pas délaissés au profit des épreuves.
A commencer par Nao Kanzaki, dont on pourrait craindre de n’être le point initial d’ancrage dans le récit avant d’être laissée de côté pour le classe et expérimenté Shinichi. Il n’en est rien : l’histoire reste avant tout celle de Nao et le personnage grandit avec les épreuves, ne reste pas bloqué dans sa naïveté de départ sans renier sa candeur. Elle n’est pas un simple outil narratif où l’histoire serait raconté de son point de vue uniquement pour garder toujours le suspens jusqu’au dernier moment et c’est appréciable de voir un traitement aussi fin du personnage.
Shinichi évolue au dessus de la masse avec des raisonnements et des stratégies de malade et se révèle le personnage le plus facilement accrocheur car c’est lui qui donne toute
(avant d’être rattrapé par d’autres par la suite, bien évidemment) la technicité intellectuelle du manga. Bon, le flash-back du troisième tome est trèèès dispensable et tend à rendre le personnage manichéen, m’enfin.
Les autres concurrents du
Liar Game Tournament et les organisateurs s’étoffent avec le temps et ne sont pas de simples pions, là encore la facilité a été évitée et on se retrouve avec un manga vraiment dirigé par ses personnages et non pas par des jeux et des astuces.
Pour autant, l’histoire fait preuve d’une imagination et d’une simplicité folles, nous accrochant avec des jeux qui sont apparemment transparents et vides de tactiques. La manière de présenter et de dérouler les épreuves est passionnante, les retournements de situation sont toujours bien gérés et les rebondissements s’enchainent parfois de façon démente.
Le jeu de la banque est un passage dont je ne me remets toujours pas tellement la progression est fluide et le basculement de point de vue bien amené et préserve le coup de bluff jusqu’au bout. Le reste est du même acabit, mais c’est avec cette manche qu’on comprend toute la puissance du manga, je trouve.
La faiblesse du dessin
Liar Game revient souvent dans les critiques qu’on peut faire du manga. Personnellement je trouve que le dépouillement du trait n’est pas du tout gênant dans la mesure où l’auteur réussit à différencier ses personnages sans problème et à imprimer des mouvements avec force (là où le trait d’un Jiro Taniguchi me paraît toujours trop statique et sans vie, un comble pour un auteur qui fait des histoires à taille humaine).
Certes, l’œuvre ne peut pas se targuer d’être un sommet graphique, mais l’aspect humain et génie permet de s’y retrouver sans problème. Et la géométrie des traits de l’auteur correspond tout à fait à la rigueur des épreuves.
Pour résumer,
Liar Game c’est un manga fou, qui accroche avec des épreuves de logique qui retournent le cerveau et qui touche par ses personnages. Amateurs du manga, viendez ici, les autres, lisez !
* Un petit coucou à Nem et
son topic sur la parution japonaise, et aussi à cielo qui fait régulièrement la revue du dernier tome paru.