
[
Seizon (生存) en japonais,
Life en anglais et
Vie en français]
~ Présentation ~ Seizon Life est un manga en
trois tomes paru en 2005 chez Panini Comics. Le scénario a été écrit par
Nobuyuki Fukumoto (
Tobaku Mokushiroku Kaiji, Burai Dengai) et le dessin par
Kaiji Kawaguchi (
Spirit Of The Sun, Jipang, ...).
~ Histoire ~ Atteint d'un cancer qui le ronge, Takeda n'a plus que six mois à vivre. Désespéré et pour s'épargner une lente agonie qu'il ne supporterait pas, il décide de se suicider. Mais au moment où il s'apprête à accomplir son geste, le téléphone sonne : la police lui annonce qu'ils ont retrouvé le corps de sa fille unique disparue il y a de cela quatorze ans.
Au Japon, la prescription pour un meurtre étant fixée à quinze ans, il reste à peine six mois à Takeda pour vivre et pour retrouver et faire condamner l'assassin de sa fille ...
~ Personnages ~
...................TakedaTakeda est donc le personnage principal par lequel la trame de l'histoire repose. C'est à travers lui (et son enquête) que l'on progresse à travers le manga (et donc, l'enquête).
Il est cadre supérieur dans une entreprise et vit seul depuis la disparition de sa fille il y a quatorze ans et de sa femme - morte des suites d'une tumeur maligne de l'épithélium du foie et du pancréas.
SawakoOn ne sait pas grand chose sur
Sawako Takeda. C'est la fille unique de Takeda et de Naomi, elle était âgée de 16 ans au moment du drame. Elle a fait une fugue il y a 14 ans et n'est plus jamais réapparue ... jusqu'à ce que l'on retrouve son cadavre. Le peu que l'on apprend vient des souvenirs qui resurgissent via la mémoire de
Takeda ou à travers l'enquête qu'il mène.
Murai....................Il en va de même pour l'inspecteur
Murai. Il travaille au commissariat central de la préfecture de Nagano. On ne connaît pas réellement ses motivations, mais il ne peut pas supporter l'injustice et le fait
qu'un assassin vive paisiblement comme si de rien n'était. Il vient donc tout naturellement apporter son soutien à
Takeda et l'aide dans son enquête.
~ Particularité de ce manga ~ ► Dessin : Outre le scénario (diabolique d'inventivité et de rebondissements plausibles et dont l'écriture est dense), plusieurs choses font penser à la bande dessinée, surtout du coté technique. En effet, le dessin est surprenant pour un manga : des gros nez, des mentons carrés, et une mise en page très classique éloignent définitivement ce manga du reste de la production.
► Pages couleurs : J'ai beaucoup aimé la petite trouvaille permettant d'exploiter de façon particulièrement judicieuse les quelques pages couleurs de l'ouvrage. D'habitude, ce type de pages fait toujours plaisir car les auteurs leur apportent généralement un soin tout particulier. Mais ici, c'est pour servir le scénario et non pour le plaisir des yeux. Ces pages sont donc cruciales pour l'intrigue mais vraiment banales du point de vue du dessin.
► Un manga d'exception ? : Seizon Life, c'est le récit de cette recherche, qui n'avance que grâce à l'obstination et la persévérance de
Takeda. Les éléments se mettent en place un par un, lentement, très lentement (car c'est pas facile de remonter le temps et de refaire le parcours de sa fille il y a de cela 14 ans ...). Trop lentement même ! Car le cancer n'attend pas lui (on voit d'ailleurs que malgré le fait qu'on le voit partir à la recherche d'indices - comme une course contre la montre,
Takeda montre quelques signes de faiblesse).
Dans ce manga, il n'y a point de fantastique, ni de conspiration mondiale et encore moins de gouvernement malfaisant, juste un père aimant sa fille et voulant coûte que coûte trouver son assassin.
Du fait de la densité de l'écriture de Nobuyuki Fukumoto, Kaiji Kawaguchi est obligé de s'adapter et ainsi, de resserrer lui aussi sa narration graphique. Il adopte donc une mise en scène très cinématographique. L’illustration la plus frappante de cette mise en scène cinématographique est certainement constituée par les quatrième de couverture des trois volumes : si le
premier est un plan large d’un carrefour, le
deuxième se rapproche, pour finir sur le
troisième qui est un gros plan sur le visage de
Takeda, toujours au même endroit.
L’intensité de son regard est impressionnante, on sent toute la détermination du personnage, on en a presque froid dans le dos tellement on le sent implacable.
Le scénario montre intelligemment qu'on peut traiter du chagrin et du deuil insurmontable sans forcément chercher à vous arracher toutes les larmes de son corps.
Ce qui fait la force de ce manga, c'est la banalité du contexte et des personnages. On suit donc le destin tragique de ce père qui, après avoir passé sa vie à négliger sa femme et sa fille au profit de son travail, prend soudainement conscience du fait qu'il est bien moins important de réussir dans la vie que de réussir sa vie.
► Une énième enquête policière ? : Certes ce manga fonctionne comme une enquête : avec indices, preuves, détails, confrontation, bref comme toute enquête. On se prend à se mettre à la place de
Takeda et à chercher - comme lui - d'éventuels indices pouvant permettre d'avancer ou de relancer l'enquête (lorsqu'il y a une impasse).
Mais ce qui fait également la force de
Seizon Life, c'est que ce n'est pas une histoire policière de plus. C'est le drame d'une famille brisée par le silence, le chagrin et la souffrance.
Takeda, voit alors un signe du destin dans le fait que la funeste échéance qui condamne, corresponde précisément au délai de prescription du meurtrier de sa fille.
Et à travers cette enquête et la volonté de ne pas faillir, il essaie de montrer aux yeux de sa fille et de sa femme, que sous son aspect passé froid et réservé, il n'a jamais cessé de les aimer du plus profond de son cœur.
~ Le mot de la fin ? ~ Bref, vous l'aurez sans doute compris que j'ai beaucoup apprécié ce manga. Certes ce n'est pas le manga du siècle, mais un très bon manga. Mon coup de cœur de ces derniers temps. Si j'ai un conseil à vous donner, c'est de vous ruer sur vos librairies pour découvrir ce manga !
Seizon Life est donc une œuvre poignante, intense, percutante et dont la brièveté (3 tomes) est aussi une force. On ne ressort pas indemne de ce combat d’un père et d’un mari, tant les deux auteurs ont su sublimer les émotions des personnages et ainsi tisser un vrai lien entre ces derniers et les lecteurs.
Seizon Life est l’histoire de la recherche de la
Vérité, celle du meurtre de sa fille, Sawako mais aussi la vérité intérieure de
Takeda : ce qui le raccroche à la vie.
"Il faut profiter de chaque rayon de soleil comme si c'était le dernier"