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「Chapter
Fifteen : Odyssey」
Naguère, on disait que la plus grande
bâtisse des montagnes de cendre revêtait l’un des plus grands
secrets du monde. On prétendait que ce secret était à la source de
nombreux pouvoirs dominants du globe. Seulement, depuis des temps
immémoriaux, cette fameuse bâtisse avait disparu sans laisser aucune
trace. Et les monts culminants de Twilight’s Island furent interdits
aux humains car, disait-on, un mystérieux dragon des légendes ferait
son apparition dès lors qu’une personne tenterait de pénétrer dans
la cité cachée. Devenues un mythe, nul ne savait plus ce que les
montagnes de cendre pouvaient renfermer de précieux ou de
remarquable et de beaucoup, on disait depuis lors, qu’en réalité,
seule une trainée de cendre recouvrait les terres hostiles de cet
endroit sinistre…
Dans une salle aux reflets dorés,
seulement décorée d’un siège d’un rouge aveuglant et de plusieurs
rideaux de la même couleur et de la même texture, Eoden, suivi de
ses quatre compagnons, marchait en direction d’un homme trapu. Ce
dernier portait une espèce de costume de prêtre en soie bleue,
magnifique par ailleurs. S’arrêtant devant lui, le pirate jeta un
œil alentour et ne vit apparemment rien qui pouvait lui intéresser.
Il baissa alors lentement sa capuche et se dévoila à son vis-à-vis,
lequel recula de quelques pas et mit ses deux mains devant sa
bouche, comme pour retenir un cri instinctif. Eoden fit alors un pas
en avant et confronta à nouveau l’homme de ses yeux. L’aura noire
qui l’enveloppait tourbillonna intensément autour de lui, on aurait
dit qu’il venait d’entrer dans une transe folle.
Soudain,
une dizaine de gardes pénétrèrent à leur tour dans la pièce et
encerclèrent l’équipage de pirates avant de recueillir et de
protéger l’imposant homme. Eoden émit un sourire destructeur et une
deuxième salve d’aura noire sembla se dégager de lui à profusion !
Sans esquisser le moindre geste, tous les gardes s’écroulèrent à
terre, de la bave leur ressortant de la bouche, ils venaient de
perdre conscience ! Effrayé, le gros bonhomme tomba à la renverse et
s’agrippa avec force au siège, les yeux injectés de sang et de
larmes. Mais au moment où il ne s’y attendait plus, dans un vacarme
sourd, la porte s’ouvrit encore et une bonne trentaine de soldats se
présentèrent aux scélérats.
« Yayayaya !!... Ca devient
vraiment amusant ! », dit Leon, mettant ses mains sur ses révolvers,
prêt à dégainer.
Son capitaine lui mit alors une main sur
l’épaule et s’avança en direction de la troupe qui lui faisait face.
Il fronça les sourcils et au même instant, plus d’une vingtaine de
ses ennemis tombèrent au sol, évanouis eux aussi ! Il ne restait
plus dès lors que trois personnes à rester debout.
« Une
ambition débordante… Je connais cette technique… Tu as un esprit
combatif hors du commun ! », balbutia l’un des gardes restants.
« Mon objectif est très clair, nul ne pourra me dévier de ma
tâche et… j’obtiendrai ce que je désire ! », répondit Eoden, l’aura
noire réapparaissant derrière lui.
「Black Aura」
Le
pirate se transforma en une trainée de poudre noire et fondit sur
les trois hommes qui étaient encore aptes à combattre. Au contact
d’Eoden, tous les trois furent pris d’atroces convulsions et dans
des cris épouvantables, ils se trainèrent à terre, les lamentations
de plus en plus audibles. Puis, dans un ultime râle de douleur, ils
perdirent connaissance.
« Redoutable… Tu es redoutable,
capitaine ! », commenta Aitken, en applaudissant comme un gamin.
« Ce n’était rien… D’habitude, vous ne me laissez jamais
aucun ennemi à affronter. A force, je vais finir par rouiller ! »,
répondit Eoden, en remettant en place sa longue cape.
« Mais
non, voyons ! T’es le meilleur ! », intervint Soma, en secouant à
vive allure sa main droite.
« Tiens… C’est bien la première
fois que tu es d’accord avec Aitken sur quelque chose… », remarqua
Niki alors qu’elle avait sorti une glace et qu’elle regardait son
visage dans le reflet.
Un moment de silence suivit.
« DE QUOI ?!! N’IMPORTE QUOI, JE SERAI JAMAIS D’ACCORD AVEC
LE CHOUCHOU DU CAPITAINE SUR RIEN DU TOUT !! », protesta avec
vigueur Soma, en se tortillant de partout, l’air accablé.
«
Enfin bref, de toute façon, ces deux là seront toujours des abrutis
en puissance… Alors que moi, je suis paaaar-fait !! s’exclama Leon,
un regard pervers dans les yeux avant de se tourner vers la jeune
femme. Niki !! Voudrais-tu m’épouser ?! »
« Mais quel idiot…
», soufflèrent Soma et Aitken, d’une même voix avant de se regarder
mutuellement et de se maudire l’un l’autre pour avoir dit la même
chose.
Eoden ne disait rien et se prenait la tête de sa main
droite en souriant de façon amusée. La cible du pirate, l’homme
trapu, était comme paralysé et ne bougeait pas d’un iota alors qu’il
se disait avec lucidité que sa dernière chance de fuite serait
probablement de se faufiler au dehors, discrètement, tant que ces
énergumènes se disputeraient encore.
« Baisse-toi, Leon !!
», tonna tout à coup Niki Fowler en se lançant à toute vitesse sur
le tireur d’élite.
« Ca veut dire que c’est d’accord ?! »,
s’enthousiasma Leon tout en exécutant l’ordre de son amie.
Sur ces mots, Niki sortit une ancre de bateau, qui était
gigantesque et beaucoup plus grande qu’elle-même, de nulle part et
dans un mouvement de très grande classe, elle prit une impulsion sur
le dos de Sierte avant d’abattre son arme d’un coup sec sur… un
garde qui venait de se relever avec grand-peine !! Elle atterrit
avec grâce au sol avant de ranger dans un déplacement ample et
circulaire l’ancre qu’elle tenait dans sa main gauche.
«
NIKIIIIIIIIIIIIII !!! BORDEL, VA FALLOIR QUE JE TE DISE COMBIEN DE
FOIS DE PAS PRENDRE L’ANCRE DE NOTRE NAVIRE ?? A L’HEURE QU’IL EST,
IL DOIT ETRE EN TRAIN DE DERIVER A COUP SUR, MAINTENANT !!! »,
brailla de rage Soma, les dents en scie et oubliant momentanément
son combat avec Aitken.
« Pfff… Quel rabat-joie, celui-là !
Pas la peine de t’exciter comme ça… Chercher un galion dans un
océan, ce n’est pas comme chercher une aiguille dans une botte de
foin. Un bateau, c’est beaucoup plus grand, ça se retrouve
facilement !! », dit calmement la jeune femme tout en se recoiffant
d’un air détaché.
« SI, JUSTEMENT, C’EST EXACTEMENT PAREIL,
PAUVRE DEMEUREE !!! – Soma se tourna alors vers Eoden et ajouta :
Regarde capitaine… Regarde ce que cette abrutie a encore fait… Dis,
je peux la taper, hein, hein ?! »
A cet instant précis,
tandis qu’Eoden s’avançait vers l’homme imposant qui se
recroquevillait toujours sur lui-même, stoppé par une peur féroce et
douloureuse, Leon plaqua Soma à terre et beugla avec virulence :
« TU PARLES PAS COMME CA DE NIKI, PIGE ?! – Puis, se
tournant vers l’intéressée, il poursuivit, levant ses deux pouces :
Bien joué, splendide demoiselle ! »
« C’est Fowler ! Arrêtez
de m’appeler par mon prénom, bande de gueux ! », murmura-t-elle,
sans prêter grande attention à ce qu’il se passait autour d’elle.
Pendant que Leon et Soma se battaient pour savoir qui avait
raison, Aitken s’était assis et avait commencé à compter le nombre
de plis qu’il y avait en tout au niveau des différents rideaux, Niki
regardait les deux gaillards s’époumoner avec une joie palpable
tandis que leur capitaine s’était placé devant sa future victime,
l’extirpant par la même occasion de son monde fait d’appréhensions.
« Je t’écoute… Où est le « septième » ?... », demanda Eoden
en soulevant l’homme d’une seule main.
« Je… Je… Je ne sais
pas de quoi… vous voulez parler… Pitié… Je… J’étouffe !... »,
bredouilla celui qui portait des habits de prêtre.
« Ne me
mens pas ! D’après nos renseignements, il se trouve ici, on ne peut
pas faire erreur alors… pour la dernière fois, où se trouve la
septième « Lumière » ?? », reprit le pirate, enveloppant sa cible et
lui-même de son aura noire.
« Pitié… Je ne sais vraiment…
pas… de quoi vous voulez… parler… Je ne suis qu’un… qu’un… »,
bafouilla-t-il, difficilement.
« Dans ce cas, tant pis pour
toi !... », conclut Eoden d’un ton perçant.
Et dans l’antre
obscur d’une pièce étrangement calme, un souffle s’éteignit à
jamais…
**********
Bien que l’on pût s’y repérer
assez facilement en raison de l’éclairage des lucioles, la caverne
demeurait néanmoins assez sombre. Chacun des trois chemins n’était
en réalité d’un long couloir inquiétant sans rien de remarquable.
Les parois étaient bombardées de multiples petites cavités, comme si
une guerre sanglante les avait rendues ainsi, et elles étaient, de
surcroît, humides et d’une relative saleté. Le sol était recouvert
d’une épaisse couche de cendre noire et des minuscules ossements
jonchaient avec régularité le parcours.
Luffy, Usopp et
Chopper marchaient tranquillement dans l’obscur couloir d’une des
trois routes qui s’étaient offertes à eux. Ils étaient en pleine
compétition pour gagner la course décidée par le garçon élastique
mais ils ne semblaient pas le moins du monde pressés. En voyant les
divers tas d’os au sol, le menteur au long nez ainsi que le renne
docteur avaient tous deux été saisis d’une peur panique et avaient
crié à s’en tuer la voix, tout en se prenant mutuellement dans les
bras. Luffy leur avait alors répondu d’un rire bruyant et moqueur.
« C’EST PAS DROLE !! MOI, JE SUIS NORMAL, PAS COMME VOUS
AUTRES ! C’EST DONC NORMAL QUE J’AIE PEUR !! », protesta Usopp, les
joues rouge tomate.
« MOI NON PLUS, MOI NON PLUS, JE SUIS
PAS COMME VOUS AUTRES ! MOI AUSSI, JE SUIS NORMAL, MOI AUSSI, J’AI
LE DROIT D’AVOIR PEUR !! », s’écria Chopper, s’agitant et courant
dans tous les sens.
« N’IMPORTE QUOI, TOI, T’ES PAS DU TOUT
NORMAL !! T’ES UN MUTANT DE CASTOR AU NEZ BLEU !! », gronda le
canonnier, vexé que le médecin eût utilisé lui aussi son argument.
Chopper prit alors sa forme humaine et leva ses poings en
l’air, menaçant Usopp, lequel se rétracta de frayeur, le nez en
vague, la bouche en « V » et les bras le long de son corps.
« D’ABORD, JE SUIS PAS UN CASTOR, JE SUIS UN RENNE !! ET
PUIS, JE SUIS NORMAL !! », beugla le médecin du Sunny-Go.
«
GYAAAAH !! UN MONSTRE !!! AU SECOURS, CHOPPER !! A L’AIDE !! », cria
Usopp, cherchant son ami des yeux.
Brusquement, un bruit
assourdissant se fit entendre. Pris de convulsions atroces, les deux
compagnons se recroquevillèrent et se serrèrent l’un contre l’autre,
leurs dents jouant un concert que nul n’avait encore jamais eu
l’occasion d’écouter. Les jambes, pour l’un, et les pattes, pour
l’autre, s’étaient mises à trembler à n’en plus finir et bientôt, ce
furent leurs corps dans l’ensemble qui étaient entrés en résonance…
Et ainsi, dans la pâle lumière émise par des lucioles qui dansaient
dans l’air, une affreuse tête de mort se présenta devant les visages
horrifiés de nos amis !!
« Bwoooh !!... Je vais… vous
mangeeeer !!... », gémit le crâne, d’un ton inquiétant.
«
GYAAAAAAH !! PITIE, MONSIEUR « TETE DE MORT », LAISSEZ-NOUS LA VIE
SAUVE !! », s’exclamèrent Usopp et Chopper en chœur et en sueur.
Luffy enleva alors son masque lugubre et se dévoila à ses
partenaires terrifiés et sanglotant. Il se mit à rire et à se moquer
d’eux une nouvelle fois.
« Nyahahah !... Vous auriez dû voir
vos têtes, c’était trop marrant ! », pouffa-t-il dans un souffle.
Les deux victimes du chapeau de paille se levèrent d’un bond
et extrêmement remontés, ils cognèrent leur capitaine de toutes
leurs forces, faisant ainsi apparaitre deux énormes bosses sur la
tête de celui-ci. Ne comprenant pas la raison de leur énervement,
deux points d’interrogation planèrent bientôt au dessus de celui qui
venait de se faire calmer.
« C’EST ENCORE MOINS DROLE
QU’AVANT !! T’AS FAILLI ME FAIRE AVOIR UNE CRISE CARDIAQUE, IMBECILE
!! », tonna Usopp, de la morve lui sortant de son nez.
« MOI
AUSSI ! MOI AUSSI ! J’AI FAILLI AVOIR UNE CRISE !! », répéta le
renne, les sabots en croix.
« N’importe quoi ! Toi, t’es
médecin !! T’aurais pu te soigner ! », constata Usopp, redevenant
serein et lançant un regard de reproche à son ami.
« ET
COMMENT J’AURAIS PU LE FAIRE EN ETANT INCONSCIENT ??! », demanda
avec irritation Chopper, visiblement dépassé par le raisonnement du
menteur.
« ARRETE DE ME CRIER DESSUS !! C’EST TOI LE
MEDECIN, COMMENT JE POURRAIS LE SAVOIR, MOI ??! »
« BEN
JUSTEMENT, EN TANT QUE MEDECIN, JE PEUX TE GARANTIR QUE C’EST
TOTALEMENT IMPOSSIBLE !! »
« Euh, dîtes… Vous pourriez faire
un peu moins de bruit, s’il vous plait ? Vous faites peur au dragon,
là… », intervint Luffy, désignant une chose difforme de son doigt.
Usopp et Chopper s’arrêtèrent donc de se chamailler et
jetèrent un œil dans la direction pointée par leur camarade. Devant
eux se tenait une créature étonnamment imposante, aux antennes et au
large pied central musculeux. Elle rampait au sol, émettant des
râles provenant d’outre tombe, et dépourvue de coquille dorsale…
Cependant, ce qui semblait être son visage était déformé par la
terreur, inspirée des hurlements de nos amis. Aucun doute possible,
il s’agissait évidemment de…
« WOW ! UN DRAGON ?... MAIS…
MAIS C’EST UN DRAGON !! CA ALORS !... MYTHIQUE !! », s’enflamma le
garçon élastique, les yeux pleins d’étoiles.
« Un dragon
?... », balbutia Chopper, illuminé par la taille, qui devait bien
être de l’ordre de grandeur des géants d’Erbaf, de la bête.
« TU L’AS DEJA DIT, LUFFY !! MAIS C’EST PAS UN DRAGON !!...
C’EST UNE LIMACE GEANTE !! », corrigea Usopp, se mettant à courir,
pris de panique.
« Et alors ?! Dragon ou limace, quelle est
la différence ? Les deux crachent du feu, non ? », s’enquit Luffy,
incrédule.
« MAIS NON, ESPECE D’IDIOT !! UNE LIMACE, CA FAIT
QUINZE FOIS PLUS PEUR QU’UN DRAGON !! », expliqua le canonnier en
levant les bras au ciel et en dessinant des cercles tout en cavalant
comme un dingue.
« QUOI ???! », s’écrièrent Luffy et
Chopper, d’une seule voix et la langue en escalier, à l’entente de
cette révélation.
**********
Dans le passage contigu
à celui qu’avait emprunté le groupe de Luffy, Robin, Franky et Sanji
avançaient tout en explorant les murs de la caverne. La jeune
archéologue disait que ces parois, l’air de rien, abritaient
certainement des bribes plus importantes qu’on ne pourrait le croire
d’une population de jadis, d’un passé qui était aujourd’hui révolu.
Elle arpentait avec précaution le moindre cratère, visiblement à la
recherche d’indices qui pourraient la mener vers une quelconque
découverte.
« Robin de mon cœur, tu es si brillante… encore
plus que le plus éclatant des émeraudes de l’univers ! », fantasma
Sanji, le visage déformé par le plaisir.
« Ces marques… se
contenta de répondre Robin, la mine sérieuse. Elles ne sont pas là
par hasard… Regardez ! Ici, les cavités semblent représenter un…
dragon ?! »
En effet, cet animal légendaire paraissait bien
avoir été dessiné avec précision sur les murets de la grotte. Il ne
pouvait y avoir aucun doute : une tête à museau allongé, un long
corps fait d’écailles et enfin des espèces de petites pattes
ressortant de ci de là.
« Incroyable… Le gars à la fourche
avait donc raison… L’accès aux montagnes est gardé par un dragon !
», marmonna Franky.
« Non, il est bien trop tôt pour en être
certains. Cependant, je pense que cette créature doit bien trouver
son existence quelque part puisqu’elle est évoquée par ces gravures…
», reprit Robin, plus réservée que son ami.
« Peu importe,
Robin chérie ! Tant que je serais là, même le démon en personne ne
pourra jamais toucher à un seul de tes cheveux !! Parce que… »,
commença le cuisinier.
« Bon, de toute façon, on ferait
mieux de continuer notre route ! », conseilla le cyborg, coupant
ainsi la phrase du gentleman.
« … Je suis là pour te
protéger !! », termina Sanji, un pouce levé devant son œil en cœur.
Subitement, alors que nos compagnons étaient prêts à
repartir, un son effroyable leur parvint jusqu’aux oreilles, ce qui
les arrêta dans leur marche vers la sortie. Pourtant rien ne se
présentait devant eux… Mais bientôt, un deuxième cri étouffé se fit
entendre et cette fois-ci, ils étaient convaincus qu’une bête ou
quelque chose dans ce genre là se tenait présentement face à eux.
Instinctivement, ils reculèrent de quelques pas et observèrent les
environs avec plus de minutie qu’à l’accoutumé... Ils distinguèrent
alors une forme légèrement transparente se mouvoir dans le passage
avec difficulté.
« Qu’est-ce que c’est que ce truc ?! »,
demanda Franky, prenant une de ses poses : jambe droite fléchie,
jambe gauche redressée et enfin les bras le long de sa tête.
« Aucune idée… Mais si c’est comestible, ça me dirait bien
de la cuisiner, cette brave bête ! », sourit Sanji, tirant une
bouffée de sa cigarette.
« C’est… c’est un caméléon géant !!
», balbutia Robin, découvrant la nature de la mystérieuse créature.
A ce moment là, le caméléon grogna d’une façon terrible et
secoua vigoureusement sa queue avant de l’abattre d’un mouvement
extrêmement vif sur nos amis ! Ceux-ci esquivèrent l’attaque au prix
d’un prodigieux bond en arrière et attendirent un deuxième assaut de
l’ennemi qui ne vint pourtant pas.
« Si c’est ça le fameux
dragon, je suis plutôt déçu… », déclara Franky en baissant ses
lunettes de soleil.
« Un caméléon… Je crois pas que ça
puisse se manger !... », ajouta Sanji, une main sur son menton.
« En tout cas, il va falloir se débarrasser de ce gros
lézard rapidement ! », précisa Robin, croisant ses bras.
Le
gros et grand animal émit un nouveau cri à faire exploser tous les
miroirs et les vitres et se rua avec frénésie sur les trois membres
du Thousand Sunny, lesquels s’étaient préparés à le recevoir comme
il se devait. Ils sautèrent donc en l’air pour éviter la charge de
la bête et atterrirent avec dextérité sur son dos. Le cyborg sortit
alors une arme composée de trois parties qu’il monta à toute vitesse
pour dévoiler un énorme trident ! Sanji leva sa jambe dans le but de
lui asséner un violent coup de pied tandis que la jeune femme croisa
subtilement ses bras, prête à se servir de ses pouvoirs. Mais contre
toute attente, la créature ouvrit grandement la gueule et gémissant,
elle divulgua sa longue langue et grâce à elle, elle put attraper
nos trois amis, surpris, avec une relative facilitée ! Robin, Sanji
et Franky étaient maintenant à la merci de l’imposante bête…
« Bordel !!... Ce lézard dégénéré m’a fait tomber mon
trident !... », rugit Franky, levant ses sourcils, son arme à terre.
« Mmh… Il a de la force, ce reptile de malheur !... »,
observa Sanji, la jambe droite prise dans la langue du caméléon et
la tête à l’envers.
« Nous avons été imprudents ! Nous
aurions dû nous en douter qu’il allait se servir de ses atouts !...
», regretta Robin, elle aussi tenue dans l’étau de la bête.
« WOUHAOU !! Robin adorée, ce que tu peux être splendide
dans cette posture !! », s’extasia inopinément le cuisinier, un cœur
à la place de son œil droit, voyant la jeune femme prisonnière de la
créature.
**********
« Zoro ?... appela Nami, mais
après un instant de silence et voyant qu’elle ne recevait aucune
réponse, elle se prit la tête et ajouta, désespérée : Il s’est
encore perdu… »
« Mais comment ? demanda Vaunh, incrédule.
On est dans un couloir… A part marcher en ligne droite, nos
mouvements sont plutôt réduits… »
La navigatrice chercha le
sabreur du regard et ne le trouvant pas, elle soupira et dit :
« Oh, tu sais, il est capable de tout, cet imbécile… »
« Je le vois bien, effectivement… », concéda le trentenaire,
une goutte d’eau derrière la tête.
Dans le dernier passage,
contigu à celui qu’avait pris le groupe de Luffy mais également à
celui pris par Robin et les autres, la dernière équipe marchait
tranquillement vers la sortie de la caverne de cendre, à destination
du lieu où les trois chemins se recroisaient. Malheureusement,
fidèle à sa mauvaise habitude, l’homme aux cheveux verts avait
réussi le pari fou de se perdre alors que la route se poursuivait en
ligne droite !! Exaspérés et ayant plus envie de pleurer que de
crier, la jeune rousse et l’agriculteur s’étaient résignés à
chercher celui dont le sens de l’orientation était bien plus que
déplorable. Toutefois, même en revenant sur leurs pas, ils ne le
trouvaient toujours pas…
« C’est incroyable ! Mais comment
fait-il pour se perdre en nous suivant et en ligne droite (elle
accentua avec force ces trois derniers mots) avec ça ?... On aurait
dû l’attacher ! », vociféra Nami, furibonde.
« C’est vrai
qu’il nous aurait évité pas mal de complications en étant attaché.
», approuva Vaunh, un sourire en coin.
Ils sillonnèrent
alors d’un œil vigilant toute la galerie qu’ils avaient empruntée et
restaient, quelques fois, de longues minutes à examiner le moindre
détail qui aurait pu les aider pour remettre la main sur ce satané
Zoro ! Nami marchait machinalement, irritée voire en colère contre
l’épéiste du Sunny-Go, tandis que l’agriculteur au pendentif de
fourche parcourait d’un pas calme et détendu le passage, balayant
avec soin les environs de ses yeux attentifs. Après un long instant
à chercher en silence, Vaunh appela brusquement sa nouvelle amie qui
courut vers lui à grandes enjambées. Il s’était accroupi devant un
morceau de terre, recouvert bien entendu d’une fine couche de
cendre, et regardait à ses pieds ce qui semblait être l’ouverture
vers une voie souterraine.
« A mon avis, il a dû prendre ce
chemin plutôt bien caché… », murmura Vaunh, un léger sourire aux
lèvres.
« Un sous-sol dans la caverne ? supposa Nami. Où
peut-il nous mener ? »
« Nous n’avons, de toute façon, pas
le choix… Allons-y ! Il faut récupérer Zoro ! », dit Vaunh, d’une
voix étriquée.
Ce fut ainsi que nos amis pénétrèrent dans le
nouveau passage. La navigatrice poussa un cri machinal lorsqu’elle
s’aperçut avec horreur que la pente, qui descendait vers le niveau
inférieur, était tellement abrupte qu’elle fut emportée, comme elle
l’aurait été si elle avait été sur un véritable toboggan. Le
trentenaire, en revanche, paraissait franchement serein et semblait
même prendre un certain plaisir à dévaler la descente. Personne
n’aurait été surpris d’apprendre que malgré les apparences, Vaunh
aimait prendre des risques. Sans doute, fut-ce pour cela qu’il aida
avec spontanéité le sabreur dans la base de la marine ou encore
qu’il prît la décision d’accompagner l’équipage de pirates dans leur
quête des montagnes de cendre.
Après quelques longues
secondes d’un voyage qui valait certainement le détour, ils
atterrirent avec grand bruit à l’étage d’en dessous de la caverne.
En levant les yeux, Nami vit une espèce de gigantesque salle,
pareille aux autres parties du lieu qu’elle avait pu considérer
jusqu’à présent mais… oui, c’était cela, il paraissait évident que
cette nouvelle pièce aux abords ordinaires ne l’était pas vraiment
tout à fait… Elle ressemblait à… un énorme terrier ! Peut-être, mais
elle n’en était cependant pas certaine, qu’un rongeur ou une autre
bête dans ce goût là y vivait ?
Un trou béant et sanctifié
décorait avec parcimonie l’un des murs de l’endroit et Vaunh et Nami
ne tardèrent pas à poser leur regard plein de reproches sur Zoro,
celui-là même à qui étaient destinés ces dits reproches. Le sabreur
était assis en plein milieu de l’abri et se frottait la tête, une
extraordinaire bosse la distinguant. La jeune fille rousse s’avança
alors, d’une démarche à faire frémir le plus courageux des hommes,
vers l’escrimeur qui venait apparemment de reprendre connaissance.
« ESPECE DE CINGLE !! COMMENT T’AS FAIT POUR TE PERDRE EN
LIGNE DROITE ?! », tempêta-t-elle en apposant une deuxième bosse sur
le crâne du malheureux.
« Nami ? observa Zoro, l’air
sceptique. Pourquoi t’es là, toi ? »
« CE SERAIT PLUTOT A
MOI DE TE POSER CETTE QUESTION, TU CROIS PAS ??! », brailla de plus
belle la navigatrice, assénant à son interlocuteur une dizaine de
bosses supplémentaire.
Il y eut un moment de silence. Zoro
n’aimait assurément pas se faire frapper ainsi par son amie mais il
savait plus que tout que le courroux de cette dernière pouvait être
plus encore que terrible. Ce fut la raison pour laquelle, il se
contint de répondre et d’entrer dans son jeu et prit la sage
décision de tout lui expliquer dans le calme :
« Ben… En
fait, je vous suivais et puis j’ai glissé… Ensuite, j’ai dévalé la
pente et là, je viens de me réveiller parce que je me suis endormi…
»
« Endormi ?... », répéta Vaunh, abasourdi par le caractère
du garçon qui se tenait devant lui et une goutte derrière le crâne.
Nami aurait probablement aimé encore régler ses vieux
comptes avec l’homme aux cheveux verts mais un cri strident l’en
empêcha net. Une créature venait en effet de sortir du trou du
terrier et s’était érigée avec fierté face aux visages hébétés de
ses proies. Elle ressemblait trait pour trait à un rat géant mais en
réalité, la bête n’était autre qu’une musaraigne, tout aussi géante
!!
« C’est quoi ça ?… », bégaya la jeune fille, consternée
par la taille de l’animal.
« Une petite souris qui recherche
une dent, sûrement… », fit Zoro, pas impressionné pour deux sous.
« Une musaraigne d’une taille aberrante ! », souffla Vaunh,
plus clairvoyant que ses deux camarades.
La musaraigne en
question laissa alors échapper un nouveau cri à faire tomber par
terre le plus féroce des morts-vivants et ouvrit son museau allongé
pour émettre un crachat qui fusa sur Nami et qui la toucha à
l’épaule !! La rousse n’eut pas le temps de réagir que son corps
entier se raidit d’un seul coup… Elle était à présent complètement
paralysée, ne pouvant plus bouger le petit doigt !
« Mon
Dieu !! beugla Vaunh. On n’a pas été assez prudents ! La salive de
la musaraigne est venimeuse ! Elle possède la propriété de plonger
ce qu’elle touche dans une absolue léthargie !!... »
« Et on
peut faire quoi contre ça ?!... », s’enquit le bretteur avec acuité.
« Je pense que c’est juste temporaire… Le poison est loin
d’être mortel mais il faut tout de même faire attention… », répondit
l’agriculteur avec une certaine agitation.
« Eh ben alors…
Il ne nous reste plus qu’à le découper vite fait bien fait, si j’ai
bien compris… », sourit Zoro, lequel commençait déjà à dévoiler la
lame de son Shinkai en faisant glisser son pouce vers le bas.
「To be continued」
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