|
「Chapter
Sixteen : Eternel Retour」
Tandis que Luffy et les autres ne
pensaient pas que la limace géante, face à laquelle ils étaient
confrontés, pouvait constituer un quelconque obstacle, en raison de
la peur qu’elle éprouvât à leur égard, ils furent diablement pris au
dépourvu lorsque celle-ci se précipita avec agitation sur eux ! La
cible de la créature n’était autre que le garçon au chapeau de
paille, si bien que Chopper et Usopp fussent complètement rassurés
quant à leur situation. Le capitaine du Sunny-Go, en ce qui le
concernait, était plutôt amusé par l’obstination de la bête à
vouloir combattre un ennemi dont elle pouvait être sûre qu’il la
mettrait au tapis s’il le désirait.
« Chopper ! tonna Luffy,
un sourire distrait aux lèvres. Il est fou ou quoi ce dragon de
vouloir se frotter à moi ?! »
« Non ! répondit le renne, une
goutte de sueur lui tombant du front. Elle dit qu’elle n’a pas le
choix car le dragon lui a demandé de surveiller ce passage et que si
elle ne le faisait pas, son maître serait fâché et la punirait d’une
façon épouvantable… »
« QUOI ?! Son maître ?! Dragon ?! –
Luffy s’arrêta net un instant, semblant réfléchir de manière
intensive avant de comprendre quelque chose et d’ajouter de vive
voix : MAIS ALORS ?! CETTE CREATURE N’EST PAS DU TOUT MYTHIQUE ??
C’EST PAS UN DRAGON ?!... »
« MAIS NON, ESPECE D’IDIOT !! JE
ME TUE A TE REPETER QUE C’EST UNE LIMACE GEANTE ET QU’ELLE FAIT
QUINZE FOIS PLUS PEUR QU’UN DRAGON !!! », tempêta Usopp, à deux
doigts de craquer.
« AH BON ?! », fit Luffy, incrédule.
Un petit silence s’installa quelques instants.
«
CHOPPER !! T’AS DIT QUE SON MAITRE ETAIT UN DRAGON ??... MAIS ALORS
LE DRAGON, GARDIEN DES MONTAGNES, EXISTE BEL ET BIEN ??!... GYAAAAH,
C’EST AFFREUX !!... J’AI PEUR !!! », brailla Usopp, soudain saisi
par la réalité des choses.
« Mais dans ce cas, c’est bien un
dragon alors ? », demanda Luffy, totalement perdu au milieu de
toutes ces explications et reprises en cascade.
« Non ! dit
Chopper, prenant sa mine de peluche sur pattes. Le dragon, c’est le
maître de la bête que tu crois qu’elle est un dragon. Mais en fait,
elle n’est qu’une limace géante !! »
« Quoi ?! Bof…
‘Comprends pas ! », décréta le garçon élastique, s’asseyant et
mettant sa main droite sur son menton, les sourcils incurvés.
A cet instant là, l’animal à la taille disproportionnée
gémit de plus belle et fonça, les larmes lui montant aux yeux, vers
nos amis, lesquels étaient en pleine discussion métaphysique
concernant l’existence ou non des dragons ou encore si l’ennemi qui
se dressait actuellement devant eux en était un ou pas. La limace
eut le malheur de toucher Luffy et de l’envoyer, valser contre les
parois de la caverne car bientôt, elle connut assez brutalement le
caractère bien trempé du jeune homme. En effet, se relevant des
décombres, le capitaine de navire fit dangereusement craquer ses
poings avec fermeté et d’un coup monumental, explosa littéralement
la pauvre bête !!
« ESSAYE PAS DE M’EMPECHER DE REFLECHIR,
TOI !! NON MAIS ! », vociféra Luffy, bouillant de la tête aux pieds.
Après que le menteur et le renne eurent félicité leur
capitaine pour son efficacité, nos trois amis se décidèrent à
reprendre leur chemin, direction le point de rencontre ! Luffy avait
entièrement oublié cette histoire de dragon alors qu’Usopp et
Chopper étaient bien contents de s’être enfin débarrassés de cette
limace géante, assez effroyable par ailleurs.
**********
« Il est temps de donner une bonne leçon à ce lézard
dégénéré ! », affirma Sanji, allumant une cigarette, toujours la
tête en bas.
« Bien parlé !! Je m’en charge ! Il va pleurer
dans pas longtemps, cet animal !! », sourit Franky, mettant sa main
droite sur son avant-bras gauche.
La jeune femme du groupe
ne disait rien et attendait tranquillement la suite des évènements.
Le caméléon emprisonnait toujours les pirates de sa langue
préhensile et les scrutait de ses gros yeux indépendants et
menaçants. Puis, dans un mouvement d’une grande violence et d’une
grande intensité, il secoua vivement ses proies et tenta de les
faire exploser contre le sol mais le cuisinier, refusant que Robin
ne fût blessée, se défit des liens qui le retenaient avec autorité
et d’un coup de pied rotatif, envoya la bête dans le décor !
« Il faut toujours traiter les femmes avec le plus grand
soin, reptile délabré ! », lança Sanji, atterrissant à terre.
Au moment où il allait se mettre en place pour réceptionner
l’archéologue, l’homme aux cheveux jaunes vit que Franky avait déjà
attrapé celle-ci au vol et qu’il venait de la déposer avec douceur.
Pris d’une rage folle, il courut à toute vitesse vers le cyborg et
le frappa directement au visage !
« Eh ! Mais c’est quoi ce
bordel ? T’as un problème ?! », vitupéra Franky, les sourcils
remontés.
« Et comment que j’ai un problème !! Tu m’as volé
la vedette, Franky !! », pesta Sanji, bouillant de colère.
«
C’EST TOI QUI M’AS PIQUE MA PROIE, J’TE SIGNALE !! J’AVAIS DIT QUE
JE M’EN CHARGEAIS !! », rétorqua l’ingénieur naval, prêt à laisser
la bagarre les départager.
Sanji fonça alors de plus belle
sur son ami et les deux compagnons commencèrent à se battre sous
l’œil diverti de Robin. Franky semblait pour le moins agacé par la
folie furieuse du cuisinier et se contentait de parer les coups dans
un premier temps mais son caractère imprévisible prit bien vite le
dessus et s’énervant, il envoya son adversaire contre les parois
d’un puissant coup de poing. Sanji amortit néanmoins la collision en
rebondissant avec maestria sur les murs et finit par atterrir près
de la jeune archéologue.
« Déjà de retour ? »,
s’enquit-elle, adressant un regard envoûtant à son défenseur.
« Robin de mes rêves ! Quand tu me regardes comme ça, je
pourrais passer le restant de ma vie à te regarder me regarder !! »,
s’émerveilla Sanji, prenant son air niais habituel de lorsqu’il
était en présence avec une jolie fille.
L’état d’esprit du
cyborg, à l’entente de ces mots, changea alors du tout au tout.
D’irrité, il passa en moins de trois secondes à ému, sortit dans la
foulée un mouchoir et commença à verser quelques larmes.
«
Que c’est beau l’amour !! Faudra que je pense à composer une
nouvelle ode. », sanglota-t-il avec délice.
Après un instant
de silence, Robin se tourna vers le caméléon étalé et lança d’une
voix sans concession :
« Finalement, il ne nous aura pas
posé énormément de soucis !... Bien, si on continuait notre chemin ?
»
**********
« Qu’est-ce que tu comptes faire ?! »,
martela Vaunh, évitant les assauts répétés de la grosse bête.
« Je te l’ai déjà dit : découper cet animal en deux… »,
répondit Zoro, son expression du visage ayant pris celle d’un
monstre assoiffé de sang.
Le trentenaire ne répliqua pas à
cette dernière phrase du sabreur et après avoir jeté un œil à son
compagnon, se décida à protéger Nami des attaques ennemies. Il prit
la jeune fille paralysée et s’éloigna quelque peu du lieu de combat
afin de se mettre légèrement à l’abri. L’épéiste, voyant la manœuvre
de l’agriculteur, esquissa un sourire salvateur et dégaina
finalement le Shinkai avant de divulguer la lame maudite du Kitetsu.
« Parfait ! Maintenant que Nami est à l’abri, tu peux faire
ta prière, espèce de rat dégénéré !! », tonna Zoro, les deux sabres
scintillants dangereusement.
La musaraigne, pas plus
impressionnée que de coutume, poussa un cri terrible et s’élança
vers l’homme aux cheveux verts, sans fléchir un instant ! Arrivée à
sa hauteur, le monstre géant secoua vivement sa queue et d’un
mouvement rotatif, tenta de frapper son adversaire avec celle-ci !
Zoro sauta en l’air d’un réflexe étonnant et esquiva ainsi le coup
de la bête. En retombant, il abattit avec vigueur ses armes sur le
dos de l’animal mais malheureusement ce dernier parvint à les éviter
sans grand problème.
« Hey ! Mais c’est qu’il est plutôt
balèze, l’animal !! », sourit Zoro, impassible.
Sur cette
constatation, le bretteur fonça tout à coup sur son vis-à-vis,
lequel essaya de le paralyser à son tour en lui crachant dessus.
Mais le membre d’équipage du Sunny-Go mit sa main gauche en
protection devant son visage et ce faisant, la salive de la
musaraigne atteignit alors celle-ci. Légèrement étourdi, le sabreur
continua toutefois sa course vers sa cible et d’un geste net et
précis, trancha cette dernière d’une estocade meurtrière grâce au
sabre qu’il tenait en main droite !! Dès lors, le monstre s’écroula
brutalement à terre, en sang…
« En la laissant me toucher
avec son venin, cette brave bête a cru que je m’étais fait avoir…
petite erreur de jugement !... », glissa Zoro, en rengainant ses
katanas.
« Bien joué… le félicita Vaunh, sortant de sa
cachette. Mais comment se fait-il que tu ne sois pas paralysé ? »
« Je l’ai été mais en contractant mon bras gauche, j’ai
réussi à stopper la propagation du poison dans mon corps…
D’ailleurs, je ne peux pas encore bouger ma main touchée… »,
expliqua Zoro, d’un air détaché.
Il y eut un léger instant
de silence.
« Bien, maintenant que la musaraigne ne nous
posera plus de problème, on peut reprendre notre chemin, j’imagine…
», dit Vaunh.
Après avoir attendu que la navigatrice eût
retrouvé son entière mobilité et que le membre affecté du bretteur
se remît à lui obéir correctement, nos amis se tournèrent vers
l’énorme trou du terrier et s’enfoncèrent alors dans ce chemin d’une
complète noirceur. Ne pouvant pas remonter dans le passage qu’ils
avaient auparavant emprunté, cette route était désormais la seule
qui leur était encore offerte…
**********
Le couloir
dans lequel s’étaient précipités Zoro et son groupe remontait la
pente en spirale et après quelques minutes d’une course effrénée,
ils rejoignirent bientôt le fameux centre de convergence des
différentes voies de la caverne de cendre. Ce fut ainsi qu’ils
sortirent finalement de la grotte, censée être gardée par un dragon
mais lequel n’avait pas daigné montrer le bout de son nez. Ils
constatèrent alors avec ravissement qu’ils étaient les premiers
arrivés et que leurs compagnons étaient donc à la traine. La
compétition déterminée par Luffy avait choisi ses vainqueurs : Zoro,
Nami et Vaunh !
Quelques minutes seulement plus tard,
l’agriculteur et les autres virent l’équipe d’Usopp et celle de
Robin émerger de la caverne et fondre sur eux à une grande vitesse.
Ils s’arrêtèrent à peu près en même temps devant leurs camarades,
qui les attendaient, mais le capitaine semblait vexé d’avoir trouvé
plus rapides que lui-même et ses partenaires.
« C’est pas
juste… Pendant un moment, Usopp et Chopper ont refusé de bouger
parce qu’ils avaient trop peur, sinon on serait là avant vous ! »,
protestait le garçon élastique, d’humeur geignarde.
« Oi !
Oi ! Dis pas n’importe quoi ! J’ai jamais eu peur, au contraire,
c’est moi qui vous ai trainé de force afin qu’on puisse continuer à
avancer tranquillement ! », soutenait Usopp, d’un air qui
l’avantageait grandement.
« On a tous eu notre lot de
complications de toute façon… », disait Vaunh, ne prenant ainsi le
parti de personne.
Plusieurs minutes d’une discussion
stérile passèrent puis, nos amis se décidèrent à poursuivre leur
ascension afin de se rendre le plus rapidement possible dans les
montagnes. Ils s’enfoncèrent alors dans un énorme espace où la seule
matière qu’ils rencontraient n’était qu’une épaisse couche de
cendre, couvrant entièrement le sol. Au loin, ils voyaient avec
excitation le premier mont qui s’élevait comme une gigantesque tour.
Et ils cheminèrent de plus belle…
Subitement, alors que
personne ne s’y attendait, dans un bruit plus qu’assourdissant,
trois silhouettes prirent forme en quelques fractions de secondes
devant les yeux hébétés de nos amis ! Lorsque la poussière soulevée
par cette apparition surprise fut dissipée complètement, les
nouveaux arrivants se dévoilèrent... Il s’agissait des trois
créatures géantes qu’avaient affrontées les membres d’équipage du
Sunny-Go peu de temps auparavant !! Seulement, l’étonnement général
fut de courte durée car une quatrième ombre s’érigea juste derrière
les immenses bêtes.
C’était un homme d’une taille moyenne et
aux oreilles allongées et pointues qui venait de se révéler devant
nos compagnons. Il avait de longs cheveux verts redressés en arrière
et en oblique, avec une longue et fine queue de cheval. Sa coiffure
lui conférait par ailleurs une allure menaçante à souhait. Des
lunettes de soleil d’un gris ténébreux, dotées de verres symétriques
et ayant la forme de parallélogramme, cachaient sombrement ses yeux.
Il était vêtu d’une petite veste noire dont la fermeture éclair
était remontée et dont le col était tellement grand qu’il lui
couvrait une large partie de son visage, en particulier sa bouche
et, de façon plus légère, son nez. Habillé également de chaussures
noires et d’un pantalon tout aussi noir, il affichait une mine dure
mais sûre et avait les mains glissées dans les poches de son
manteau.
« Vous croyiez certainement en avoir terminé avec
ces animaux, seaux de la sûreté de la caverne ?... Je suis désolé de
vous décevoir mais ainsi que vous pouvez le constater, il en faut
fort plus pour leur en venir à bout. En ce sens, que c’est
outrecuidant de votre part que de les sous-estimer de la sorte… »,
déclara l’homme aux lunettes alors que tous les autres étaient
toujours sans voix.
« Qui es-tu ? », demanda enfin le
trentenaire, reprenant légèrement ses esprits.
« Cependant…
continua l’inconnu sans prêter attention à la question de Vaunh.
Force est de constater que mes serviteurs n’auraient, d’une manière
ou d’une autre, point pu vous empêcher de progresser… Ainsi soit-il
! »
Il sortit alors sa main droite de sa poche et la porta à
sa tête avant d’en tirer trois cheveux. Il baissa ensuite lentement
son bras pour positionner les cheveux ainsi arrachés près de sa
bouche et enfin, dans un mouvement longitudinal, il souffla sur
ceux-ci.
「Soul Strike」
Aussitôt, les trois bestioles
à la taille disproportionnée s’écroulèrent dans des cris
épouvantables !! L’homme en noir s’avança de plusieurs pas et se
plaça en barrage devant les visiteurs, lesquels étaient plus
abasourdis que jamais.
« Jeune intrépide, puisque vous allez
devoir laisser ici le souffle de vos vies, je vais accepter de te
donner une réponse à ton interrogation… Mon nom est Leozui, gardien
de ces lieux, vestiges sacrés de la légendaire citée cachée ! »,
reprit-il, d’une voix qui ne se voulait clairement pas amicale.
« Mais alors !... », souffla Nami, bouche bée.
« Tes
conjectures sont sûrement bonnes, jeune fille… Je suis le dragon
mythique, vanté sur les murets de la caverne que vous avez souillée
de vos êtres. », répondit Leozui, devinant la question naturelle de
la navigatrice.
« WOW !! ENFIN, ON RENCONTRE LE DRAGON !! »,
s’écria Luffy, littéralement émerveillé et mitraillé de part en part
par des étoiles survenues d’un autre univers.
« T’es idiot
ou quoi ?! Il n’a rien d’un dragon, c’est juste un mec bizarre ! »,
corrigea Sanji, perplexe.
« GYAAAAH !! UN DRAGON !! AU
SECOURS, J’AI PEUR !!! », hurla Usopp, prenant ses jambes à son cou.
« Je croyais que les dragons faisaient quinze fois moins
peur qu’une limace ?… », murmura Chopper, incrédule et candide à la
fois.
« ABRUTI !! CA, C’ETAIT AVANT QUE J’APPRENNE QUE LES
DRAGONS EXISTAIENT VRAIMENT !!! », brama le menteur, les yeux en
dehors de leurs orbites et la langue en escalier.
« Arrêtez
de crier !! intervint Zoro avec fermeté. D’où est-ce que vous voyez
que c’est un dragon ?... Y’a vraiment pas de quoi en faire tout un
plat ! »
« Quelle considération erronée que voilà… C’est
regrettable… », dit Leozui, une expression affligée au visage.
Sur ces mots, comme pour prouver ses dires, l’homme
mystérieux tendit son bras droit dans un geste ample et se retroussa
les manches à l’aide de sa main gauche. Le bras humain de Leozui se
transforma alors bien vite en une patte de dragon, des écailles d’un
vert profond faisant leur apparition. Leozui avait ingurgité un
fruit du démon, lequel lui avait conféré les pouvoirs de se
transformer. Tandis que Zoro dût bien admettre qu’il avait mal jugé
son vis-à-vis, son capitaine fut de plus en plus emballé par ce
dernier. Car un dragon, n’était-ce pas absolument et simplement
génial ?!
« J’imagine que tu ne vas pas nous laisser passer
?... », s’enquit tout de même Vaunh, bien que le contraire aurait
été pour le moins surprenant.
« C’est effectivement juste…
», affirma Leozui.
« Très bien. Dans ce cas, je vais
t’affronter et gagner l’autorisation de continuer notre périple car
il le faut à tout prix ! », dit l’agriculteur, faisant preuve
d’abnégation.
« Vaunh ?! », s’étonnèrent tous ses nouveaux
amis.
« Je vais m’occuper de lui, ça ira… Vous tous, m’aidez
à récupérer le soleil alors… il faut bien que je me montre digne de
votre soutien. Le moins que je puisse faire, c’est de nous ouvrir la
voie ! », tonna Vaunh, l’air déterminé et sûr de ce qu’il avançait.
**********
Sur les rives orangées du lac Hylia, Luna
confrontait du regard la jeune musicienne qui ne fléchissait pas un
seul instant. Amy avait attendu que l’électron libre de la marine,
comme elle aimait elle-même à s’appeler, traversât le long cours
d’eau afin de pouvoir lui faire face. Son vis-à-vis avait de
gracieux cheveux blonds qui lui retombaient sur le front et était
vêtue d’un débardeur bleu ciel ainsi que d’une mini-jupe mauve. Dans
son dos, au niveau de la taille, deux armes éclatantes de beauté
étaient attachées de façon croisée à une large ceinture de soie.
« Amy… Ca faisait vraiment un bail !! Alors ? Qu’est-ce que
tu deviens ?! », fit Luna, un large sourire aux lèvres.
«
Comment oses-tu me demander ça après tout ce qui s’est passé ? »,
répliqua Amy dont le visage reflétait à la fois l’interrogation, la
colère, le dégoût et enfin aussi, si cela pouvait être possible bien
entendu, une certaine forme ou une forme certaine d’affection.
Luna se faufila alors avec légèreté jusqu’à la jeune
musicienne et lui mit une main sur son épaule. Cette dernière sembla
tressaillir sous l’effet de la surprise et bientôt, elle se laissa
tomber sur ses genoux, l’air abattue, avant de chuchoter :
«
Luna ?... C’est bien toi ?... »
« Oui, c’est moi ! Qu’est-ce
que tu croyais, hein ?! Bien sûr que c’est moi ! Hihihihi !... Allez
! Relève-toi… », répondit-elle, enjouée.
Elle tendit une
main affectueuse à la jeune fille, l’aidant ainsi à se remettre sur
pieds. Puis, dans une forêt presque inaudible, tellement la scène
paraissait transcender tous les bruits alentours, Amy tomba dans les
bras de Luna…
« Ecoute-moi… haleta Amy. Il faut que tu
m’écoutes, j’ai des tas de choses à te dire… »
« Ouais,
ouais ! Mais on a le temps !! Jouons d’abord ! », s’exclama Luna,
rayonnante.
Une feuille morte tomba d’un arbre éclatant,
d’un vert émeraude d’une splendeur sans commune mesure et se balada
dans l’air, ballotée par un doux vent automnal. Les secondes se
défilaient inexorablement mais elles étaient pareilles à des heures
car le temps enfin, semblait s’être étiré à l’infini. Dans un son
brumeux et nébuleux, provenant d’un lointain si proche, la feuille
finit alors sa course circulaire sur le reflet magnifique de la
nature sur l’eau… Et une lame fendit le vide avant d’atteindre sa
cible ! Du sang jaillit tel un torrent de larmes et un corps
s’étendit à terre… La marine venait de transpercer son opposante de
son courroux terrible !
« Hihihihi !!... Idiote d’Amy ! Tu
oublies si facilement le passé… As-tu déjà fait abstraction de tout
ce que je t’ai pris ?! », clama Luna, un wakizashi dans chaque main.
La musicienne jeta un regard noir à celle qui venait de
parler et se releva avant de fixer sa blessure, située au niveau de
son épaule gauche. Par son processus d’évolution accélérée, elle put
refermer instantanément la plaie mais sa santé extérieure
contrastait avec sa santé mentale car elle avait d’ores et déjà pris
un coup énorme au moral. La voilà donc atteinte psychologiquement.
« Ohoh… Des pouvoirs d’un fruit du démon ? Intéressant !...
La dernière fois qu’on s’était vu, il y a sept ans déjà, tu n’en
avais pas… », congratula la marine avec un sourire démoniaque.
Il y eut un nouveau silence de mort.
« Hihihihi ! Je
me rappelle… Tu aimes jouer, n’est-ce-pas, Amy ? », s’enquit-elle,
brisant ainsi la quiétude éphémère.
« Quand on gagne
toujours, on ne joue pas !! », riposta Amy, serrant sa flûte du plus
fort qu’elle le pouvait.
« Ohoh… siffla encore Luna. Belle
répartie ! Dans ce cas, on va jouer… Puisqu’à n’en pas douter, tu
vas perdre !... »
L’électron libre scruta des yeux d’une
manière sphérique Amy. Après l’avoir détaillé un long moment, elle
rengaina ses deux lames et se mit à sourire à pleines dents. Ce fut
alors qu’aussi vite qu’elle avait rangé ses armes, elle fondit avec
vélocité sur son adversaire et lui asséna un puissant coup du paume
de la main, faisant voler Amy qui alla s’écraser contre un arbre !
« Le jeu sera… Ouais ! C’est une bonne idée !! Le jeu sera
un combat à mort !! La première de nous deux qui mourra aura perdu !
», décréta Luna, plus joyeuse que jamais.
« Arrête !! tenta
de la raisonner Amy, se relevant une fois de plus et ramassant son
chapeau de paille. Je ne veux pas me battre contre toi et tu le sais
bien !! Je suis certaine qu’au fond de toi, tu ne souhaites pas non
plus qu’on s’affronte ! Luna !... Je connais ton secret, je sais que
ce n’est pas ce que tu veux… »
« Ohoh… fit Luna avec
délectation, évoquant son monosyllabe favori. Je vois que tu es bien
renseignée… Je suis désolée mais… Ce n’est pas du tout ce que tu
crois !! Je suis quelqu’un qui est membre de la marine, et toi, tu
as choisi d’être pirate ! – Elle se prit la tête de ses mains. –
Imbécile… Ne t’avais-je pas dit qu’au premier écart de ta part, je
viendrai sans faute pour… te tuer !?! Si seulement tu savais le
temps qu’il m’a fallu pour te retrouver… »
Amy ouvrit la
bouche mais bizarrement aucune parole ne put en sortir car elle
était dans un état de choc tel qu’elle ne savait plus quoi faire.
Ses forces commençaient déjà à la quitter et elle se disait en son
for intérieur que celle qui se dressait là, face à elle, ne pouvait
aucunement être celle qu’elle avait jadis connu. Elle se murmurait
aussi que son maître avait finalement totalement eu tort à propos de
Luna. Elle se persuadait enfin, que rien au monde ne pouvait plus
ramener celle qui lui était chère à la raison, qu’aucune mesure
n’était à sa disposition pour lui permettre de la convaincre… Luffy,
son capitaine, celui qui l’avait recueillie, lui avait pourtant
inculqué, au fil de leurs pérégrinations, à ne jamais renoncer… Mais
cela… Cela était assurément au dessus de ses forces, quand bien même
elle aurait investi toute la volonté du monde.
« Tu restes
sans voix… Quel coup tu dois avoir pris avec cette révélation, hein
?... Mais ne t’en fais pas… toutes tes peines seront bientôt
soulagées… ta mort ne sera qu’une formalité et tu pourras reposer
enfin d’un repos éternel auprès de… », dit Luna, prenant de plus en
plus de plaisir à torturer la pauvre jeune fille.
« TAIS-TOI
!!! JE T’INTERDIS DE PARLER D’EUX A NOUVEAU !! TU AS PERDU CE DROIT
DEPUIS CE JOUR… - Amy s’éteignit tout à coup et ajouta en balbutiant
: Depuis ce jour… »
« Depuis ce jour où j’ai supprimé de la
surface de la terre les parasites qu’ils étaient ?!! Ne me fais pas
rire !! », s’emporta Luna.
« TAIS-TOI !! TAIS-TOI !!! TU NE
SAIS RIEN DE CE QUE TU DIS !! », cria Amy, au bord des larmes.
« Désolée… Mais je suis parfaitement lucide de ce que
j’avance… tonna Luna. Réveille-toi, Amy !! Le monde… Ce monde
infesté de vermines en tout genre n’est qu’éternel retour !! Tout ce
que les hommes peuvent accomplir n’est possible que parce que ces
actions diverses ont déjà été réalisées autrefois ! Il en va de même
pour les hommes eux-mêmes ! L’éternel retour des choses pose un fait
inéluctable : tout ce qu’ils ont fait, ils peuvent le refaire et
pire encore, ils le referont nécessairement !!... La guerre que je
mène ne fait que commencer mais un jour… j’éradiquerai tous les
parasites du globe ! »
« Tu dis n’importe quoi !... Tu dis
n’importe quoi !... », répétait Amy, effarée et complètement en
perdition.
« La seule gentillesse que je puisse te proposer…
c’est de te supprimer au plus vite, sans te faire inutilement
souffrir… Tu as déjà bien assez enduré ainsi… », reprit la marine
qui avait depuis un moment déjà effacé toute trace d’amusement.
Luna ferma alors les yeux et fit quelques pas, dangereux et
agressifs, en direction d’une Amy qui était à la dernière barrière
de la rupture… Elle s’arrêta lorsqu’elle fut arrivée à sa hauteur et
baissa instinctivement ses yeux sur la jeune musicienne, laquelle
était à genoux, le chapeau de paille de son capitaine recouvrant sa
tête accablée. Lentement, comme pour marquer une peur toujours plus
immense, comme pour que son opposante cogitât toujours plus, comme
enfin, pour clairement distinguer sa supériorité, Luna dévoila dans
un geste contrôlé la lame du wakizashi qu’elle portait à sa droite…
Une fois l’arme à l’air, celle-ci scintilla de mille feux semblant
contraster avec l’expression de sa future victime dont toute lueur
s’était depuis longtemps dissipée… L’électron libre posa finalement
la fine lame de son petit sabre sur l’épaule droite d’Amy, visant
ainsi de façon inquiétante sa gorge…
« Sois délestée de tous
tes regrets, ma chère Amy… Il est de mon devoir de t’arrêter alors
j’espère que tu sauras me pardonner… Toutes les souffrances que tu
as pu ressentir s’envoleront instantanément lorsque ta tête tombera
à mes pieds !! », assura Luna, décalant de manière infime son arme.
A l’entente de ces mots, la jeune musicienne sembla
soudainement se sortir de sa torpeur et rétorqua vivement en ces
termes :
« CESSE DE PARLER COMME SI TU SAVAIS TOUT !! EN
VERITE, TU NE SAIS RIEN ! TU NE SAIS RIEN DE CE QUE J’AI ENDURE PAR
TA FAUTE !! MA VIE A ETE UN LONG COMBAT MAIS C’EST MAINTENANT
TERMINE !! »
« En effet, ton calvaire arrive bel et bien à
échéance… ton cadavre témoignera pour toi car ici, tu vas laisser ta
misérable vie !! », rugit Luna.
Un bruit inaccessible… Une
lame qui trancha l’air… Un torrent de sang… Epouvantable et
pourtant…
「To be
continued」
|
|