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... ça devrait suffir - Sanji
Chapitre 1112


Episode 1101
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Kuina Spirit Présente

Mystérieuse femme fatale!


Chapitre I | Chapitre II | Chapitre III | Chapitre IV | Chapitre V
Chapitre VI | Chapitre VII | Chapitre VIII | Chapitre IX | Chapitre X
Chapitre XI | Chapitre XII | Chapitre XIII | Chapitre XIV | Chapitre XV
Chapitre XVI | Chapitre XVII | Chapitre XVIII | Chapitre XIX | Chapitre XX
Chapitre XXI | Chapitre XXII | Chapitre XXIII | Chapitre XXIV | Chapitre XXV
Bonus


Chapitre XVII : Amours réciproques

L’heure du déjeuner sonna, ce qui ne déplut pas à Luffy. Encore une fois, le repas préparé par Lily, avec cette fois ci l’aide de Sandy qui avait insisté pour aider la vieille femme, ressemblait plus à un banquet qu’à un repas. Les sujets de discussions fusaient au rythme des tintements des couverts. Seuls deux personnes restaient silencieuses dans ce brouhaha. Zorro, et Opale. La fille n’avait pas une seule fois lever le regard vers l’escrimeur.

« Opale ? »

La fille leva les yeux vers Luffy.

« Hein ?... Euh oui ?
- J’aimerais savoir quelque chose, dit le garçon au chapeau de paille avant d’avaler le contenu de son assiette.
- Je t’écoute, murmura Opale.
- Tu viens dans notre équipage après, ou pas ? »

Opale sourit, regardant Luffy.

« Nous verrons le moment venu, Luffy, dit-elle. Cette fois, laisse moi le temps d’y réfléchir sans me l’imposer...
- C’est pour moi, que tu y réfléchis, Opale ? Demanda Mihawk. Tu sais déjà mon avis sur le sujet.
- En partie, répondit Opale en baissant les yeux. Mais il y a aussi le fait que je vous ai déjà attiré trop d’ennuis jusque là, Luffy.
- On s’en fout ! S’exclama Luffy. J’ai déjà eu assez de mal à trouver une musicienne... »

Opale sourit à Luffy.

« Je ne suis pas la seule musicienne sur cette mer, déclara la fille. De plus, je dois encore m’améliorer pour vraiment mériter ce nom !
- Eh, Tête de Piaf, on peut prendre votre piano à bord ? S’exclama Luffy des étoiles dans les yeux. Comme ça Opale pourra s’améliorer !!!
- Je crains qu’il ne prenne trop de place dans votre goélette, répondit Mihawk en regardant le piano dont il était question.
- Nami, on peut mettre le piano à la place de ton bureau ?
- ET PUIS QUOI ENCORE ??? » Hurla la Rousse.

Puis une engueulade entre le capitaine et la navigatrice éclata à table, accompagnée par les rires des auditeurs. Zorro leva la tête. Opale riait de bon cœur. C’était peut être le moment de tenter une quelconque réconciliation ? A peine pensa-t-il à ça que le bruit des couverts posés dans les assiettes résonna, et que le bruit des chaises se faisant déplacer retentit. Sortie de table. Il se leva. Opale était prête à passer le seuil de la porte, lorsque quelque chose la retint par le poignet. Elle se retourna, voyant Zorro. La fille rougit violemment.

« Euh Opale...
- WOUAH ZORRO T’AS LA COTE !!! S’exclama Sandy du couloir.
- LA FERME!!! Abruti de cuistot...
- Que me veux tu ? demanda la fille en détournant le regard.
- Je retente de te faire entendre mes excuses, même si tu n’en veux pas !
- ...
- Mais tu vas arrêter de me faire la gueule ? »

Opale tira, essayant de libérer sa main de l’étreinte de celle de Zorro. Celui-ci tira également de son côté... ramenant directement la fille devant lui.

« Excuse moi !!! Cria presque Zorro. A moins que tu sois bouchée ? »

La fille rougit, sentant l’escrimeur poser son autre main sur son épaule.

« Comme quoi, on peut avoir des yeux hyper perçants, mais avoir des oreilles d’ancien ! »

La fille ne répondit rien.

« Tu veux que je te la joue langage des signes ? EXCUSE MOI !!! »

Opale soupira.

« Es tu sincère ?
- Non... Tu me prends pour un Abruti ma parole ?!
- J’aurais tendance à le confirmer, même.
- Bon, si ça peut te faire plaisir, le con, l’abruti, l’Asperge, le Poireau, Tête d’Algue, Tête de Gazon te présente ses EXCUSES !!! Géant Vert aussi si ça te fait plaisir !!! Mais arrête de tirer cette tronche, merde !!! »

Une gifle... Zorro s’en retrouva tout secoué, ne s’y attendant pas. Et un aller retour en plus ! Deuxième claquement.

« MAIS T’ES CINGLEE ?!
- ... Maintenant, tu es excusé, Crétin ! »

En plus, elle disait ça en souriant... et en plus, elle avait frappé sans ménagement. Zorro n’y comprenait rien, les filles étaient toutes des folles... Il aurait presque envie de plaindre Sandy.

« Bien !!! Déclara Opale aux pirates. Nous n’allons pas rester à nous ennuyer ici tout l’après midi ! Je vous conseille de prendre vos maillots de bain. »

***

« SUPER !!! » S’exclama Pipo.

Ils venaient de pénétrer sous une sorte de serre, reliée au manoir. Sous cette serre, une immense piscine se trouvait là. En caleçon de bain, Pipo toucha du doigt de pied l’eau.

« Génial !!! » ajouta-t-il avant de plonger.

Pipo fut rapidement suivi de Nami et Sandy. Luffy regardait ce spectacle d’un air jaloux, et Chopper d’un air déçu.

« Ah oui, c’est vrai, dit Opale en regardant les deux pirates. Vous voulez vous baigner ?
- On sait pas nager, murmura Chopper.
- Ce n’est pas une raison, déclara la fille aux yeux de faucon.
- Voilà, Mademoiselle !!! » S’exclama Lily en apparaissant comme par enchantement.

Dans une main, Lily tenait une bouée standard, de l’autre, des bouchons de natation.

« Super !!! S’exclama Luffy. C’est à toi, Opale ?
- C’était, corrigea la fille. J’ai dû abandonner la bouée à quatre ou cinq ans, les bouchons un ou deux ans après. Enfin avec ça, aucun risque de couler ! »

Une fois ceinturé, Luffy prit son élan, et plongea... N’allant pas très profond, remontant presque directement. Le garçon se débattait comme un diable, ayant peur de couler.

« La confiance règne » pensa Opale, une goutte derrière la tête.

Chopper avait à présent la bouée autour de lui, et rejoignit par l’échelle les autres. Robin s’était installée dans le jardin, juste à côté d’une entrée de la serre, et bronzait tranquillement. Zorro, lui, toujours habillé, était debout dans un coin.

« Bande de gamins... »

Ses pensées furent interrompues, lorsque Opale fit une magnifique bombe, trempant l’escrimeur grognon. Zorro, s’approcha de la piscine, essayant de voir Opale.

« MAIS CA VA PAS LA TETE ??? »

Oups... l’escrimeur baissa ses yeux... une main était accrochée à sa jambe.

« Héhé, rit nerveusement Zorro. Je n’ai pas env... »

L’escrimeur fut tiré, et se retrouva sous l’eau quelques instants, voyant Opale nager, un sourire moqueur sur ses lèvres. Zorro remonta, reprenant sa respiration.

« MAIS T’ES CINGLEE ???
- Tu sais, Zorro, je suis rancunière » déclara Opale après être remontée.

L’escrimeur se mit à nager vers le bord du bassin, avec autant d’élégance qu’un chien jeté à l’eau pour la première fois.

« Quel excellent nageur, ricana Opale quand Zorro se hissa hors de la piscine.
- La ferme » dit Zorro en essorant ses vêtements.

Luffy et Chopper clapotaient joyeusement, profitant de ce temps de récréation de leur première baignade sans risque. Zorro sortit de la serre, allant au soleil pour sécher ses vêtements. Opale faisait la planche, d’un air songeur. C’était le lendemain que le combat aurait lieu... la fille ferma les yeux. Elle devait parler à Zorro... Ce jour était la dernière occasion, si le combat finissait mal. Son cœur se serra alors. Ce ne serait pas un combat comme les autres pour elle. La fille avait déjà assisté lors de nombreux voyages à des combats opposant des pirates à son père. Jusque là, jamais elle n’avait eu peur... car à chaque fois, elle était certaine de l’issue du combat... Et elle se fichait bien de voir les pirates défier son père mourir. Là, tout était différent. Deux personnes, à qui elle tenait, allaient se battre, et ce, certainement à mort. Pourquoi est-ce que la personne qu’elle aimait devait être un rival de son père ??? Si elle avait su la tournure des choses... Jamais elle n’aurait voulu rencontrer Luffy... Jamais elle n’aurait voulu embarquer à bord du Vogue Merry... Jamais elle n’aurait voulu être si proche de Zorro.

« EH !!!
- Ah ??? »

Opale s’était cognée contre Luffy, qui se mit à se débattre comme un fou pour ne pas couler. La fille se redressa à la verticale, d’une main se frottant la tête, que Luffy, en nageant, avait percuté avec son coude.

« Dé... Désolée Luffy, je crois que j’étais perdue dans mes pensées !
- Gloub !!! AH !!! Pas grave !!! WAAAAAAAAH !!!
- ... Luffy, tu as pied ici...
- Ah ?... Héhé ! »

Opale nagea vers le rebord du bassin, et sortit de l’eau. La fille s’enveloppa dans une serviette, et marcha vers l’extérieur de la serre. Elle marchait à la rencontre de Zorro. Robin, voyant la fille arriver, sourit, et se leva, laissant les deux jeunes seuls.

« Zorro ? »

Le jeune homme, toujours essorant son T-shirt, se tourna vers Opale. Tiens, elle n’avait plus l’air aussi moqueuse... ni aussi joyeuse.

« Ouais ? Dit Zorro d’un ton indifférent.
- J’aimerais... te parler...
- C’est ce que tu es en train de faire, déclara l’escrimeur.
- Je suis sérieuse, Zorro... »

Le jeune homme fronça les sourcils.

« Ca ne va pas ? demanda-t-il, légèrement inquiet.
- On peut dire ça, murmura Opale. Je viens de me rendre compte... que demain, à cette heure, je ne pourrais peut être plus te parler... Et... »

La fille se tut, détournant la tête. Houlà.

« Tu vas pas nous faire une crise de nerf ? S’inquiéta Zorro.
- Pour l’amour du ciel, Zorro !!! S’exclama Opale. Je suis sérieuse ! »

Oui... Elle avait l’air sérieuse. L’escrimeur garda le silence quelques instants. S’il ne voulait pas se retrouver au même stade que la nuit dernière, il devait peser les mots avant de les sortir...

« Hum... Pardon. Vas-y... Je t’écoute.
- J’ai... J’ai peur.
- Quoi ??? »

Elle allait vraiment mal, là. Elle, une femme fatale, peur ? Opale soupira.

« Et c’est seulement la veille du jour J que je me rend compte à quel point un évènement peut me faire peur, murmura Opale.
- Hé... de quoi as-tu peur ?
- De ce qu’il pourrait se passer demain, murmura Opale. Peur de l’issue du combat...
- ... Ecoute, si ça peut te faire plaisir je...
- NON !!! Hurla Opale, puis en reprenant plus bas. Justement, je ne veux pas que tu me prennes en compte pour ce combat, comme ce que tu avais l’air de penser hier soir...
- Opale...
- Ecoute moi, Zorro !!! Mon père ne jurait que par toi depuis votre première rencontre, en Eastblue.
- Tu es au courant ? S’exclama Zorro.
- Et comment, reprit Opale d’un air triste. Ce ne serait presque pas une métaphore si je disais qu’il regardait tous les jours par la fenêtre, voir si tu arrivais... Je sais à quel point il tient à ce combat... Et je ne veux pas être un boulet dans cette histoire.
- Opale...
- Zorro, promets moi de ne pas penser à moi, de ne penser qu’à toi et en ton rêve !!!
- ... Promis, Opale...
- ... Juré ?
- ... Craché. »

La fille sourit... Zorro resta paralysé. Elle recommençait !!! Elle approchait son visage du sien, sur la pointe des pieds.

« Opale...
- LUFFY EST EN TRAIN DE SE NOYER !!! »

Le cri de Chopper brisa le silence du jardin. Zorro vit Opale tourner des talons à toute vitesse, lâcher sa serviette en pleine course, ses sandales, entrer à toute vitesse sous la serre, et plonger.

« ... Un rôti de renne... » Pensa Zorro.

***

Dîner. Cette fois, l’ambiance avait l’air plus lourde que celle de la veille.

« Treize heures, trente trois minutes, cinquante-cinq secondes, murmura Pipo en regardant d’un air grave sa montre. Trei... »

Une main sortie de nulle part se plaqua sur la bouche de Pipo. Le jeune homme au long nez lança un regard interrogateur à Robin, qui désignait d’un discret signe de tête une Opale visiblement pas en forme. Malgré quelques discussions de tout et de rien de la part de certains, l’ambiance était palpable... Le lendemain midi, la table accueillerait peut être une personne en moins. Les regards se tournaient souvent vers les deux escrimeurs, qui restaient sereins.

« Je comprendrais jamais les hommes d’armes, murmura Pipo à Sandy.
- En tout cas, susurra le blond, je plains Œil de Faucon qu’il y ait dans ce cercle un abruti aux cheveux verts pour ternir l’image des escrimeurs. »

Eternuements de la part des deux escrimeurs.

« Quelqu’un pense à nous, ironisa Zorro. Et mes oreilles bourdonnent. Blondinet ?
- Oui ? Dit Sandy d’un air moqueur.
- Tu n’enverrais pas des ondes négatives vers mes oreilles ?
- Wouah, comment t’as deviné ? Rit Sandy.
- Il y a qu’un abruti dans ton genre pour avoir l’audace de m’insulter en douce...
- Tu as donc un cerveau au milieu de l’algue !!!
- Répète ???
- UNE BAGARRE !!! Hurla Luffy en tendant ses bras en l’air, brandissant des cuisses de poulet.
- Pas de bagarre !!! Coupèrent Nami et Lily en assommant pour l’une Sandy, pour l’autre Zorro.
- Pas juste, murmura Sandy. Si on ne peut plus rire une dernière fois... »

Opale leva les yeux vers Sandy. La fille n’avait quasiment pas touché à son assiette, et en plus, le pauvre cuisinier avait remué le couteau dans la plaie sans le vouloir.

« Excusez moi, murmura Opale en se levant. Je ne me sens pas très bien...
- Mademoiselle ? » S’exclama Lily.

La fille, d’un pas assez rapide, était sortie du salon. Elle sortit dans le jardin de devant, pour prendre l’air, se sentant mal. La fille était surprise. Jamais elle n’avait autant angoissé comme ça auparavant, quand un combat entre son père et un autre escrimeur avait lieu.

***

Les hôtes regardaient la porte du salon, d’un air surpris.

« Qu’est ce qu’elle a, Opale ? Murmura Chopper d’un air inquiet.
- Opale San ! s’exclama Sandy.
- Elle est encore malade ? » Demanda Luffy en croquant dans une cuisse de poulet.

Zorro restait silencieux. Même si la fille avait l’air solide, elle était au fond fragile. Ce combat le stressait, mais rien de plus. Mais il l’avait vu dans les yeux d’Opale, elle, elle souffrait. Mais elle le cachait.

« Je vais aller la voir, dit Lily.
- Non ! Coupa Mihawk. Lily, laisse la seule.
- Monsieur...
- Je crois qu’elle a besoin d’être un peu seule. Laisse, Lily. »

La vieille femme soupira, puis se rassit. Le repas se termina dans un lourd silence, puis Mihawk invita les pirates à se préparer à aller se coucher... Le lendemain matin, un grand combat aurait lieu... Pour certain, la nuit allait être longue. Ainsi, tout le monde partit vers sa chambre. Mihawk, lui, marcha un peu dans le manoir, et s’arrêta devant la porte du petit salon. Il poussa doucement la porte.

« J’étais certain de te trouver là, Opale. »

En effet, dans un grand fauteuil, Opale était assise, pleurant silencieusement. Mihawk soupira, puis s’approcha d’elle. Il prit place sur un siège juste à côté.

« Opale, dis moi ce que tu as sur le cœur... Tu ne dois pas garder une souffrance pour toi, surtout si c’est pour te mettre dans un tel état.
- Papa... »

Elle sanglota, avant de continuer.

« .. J’ai peur...
- C’est normal, déclara Mihawk en fermant les yeux.
- J’ai... J’ai peur de l’issue... du combat... »

Mihawk se leva, et s’installa dans le même fauteuil qu’Opale, assez large pour accueillir deux personnes. La fille colla sa tête contre le torse de son père, continuant à verser silencieusement des larmes.

« Tu sais, Opale, dit doucement Mihawk. Moi aussi, j’ai peur de l’issue que pourrait prendre le combat. N’ais pas honte, je te comprends.
- Papa... »

La fille versa de nouvelles larmes. Mihawk passa une main réconfortante dans les cheveux noirs de jais d’Opale.

« Ne pleure pas déjà, murmura doucement Mihawk. J’ai l’impression d’être déjà mort, à te voir dans cet état. Et qui te dit que l’un de nous deux mourra ?
- Arrête, sanglota Opale. Je... Je te connais tr... trop bien. Le plus souvent, c’est... jusqu’à la mort...
- Opale...
- Com... Combien de fois es tu revenu... à la maison, à moitié mort ? Ne... le nie pas...
- Je sais, Opale... »

Doucement, Mihawk se libéra de l’étreinte d’Opale. Il alla vers une commode avec des tiroirs. La fille le regardait sans dire mot. Mihawk sortit d’un tiroir une fiole, puis il alla jusqu’à la table basse, et prit un verre et une bouteille d’eau. Il regarda sa fille, montrant la fiole.

« Opale, dit-il d’un ton doux. Je ne t’oblige pas à voir ce combat, si tu ne te sens pas prête. Te voir dans un tel état pourrait me faire renoncer, et cela serait un déshonneur, car c’est moi qui ai proposé le combat.
- Je... Je sais...
- Je sais également que ton cœur est partagé. Tu as peur de l’issue du combat... mais tu ne veux pas nous empêcher de le faire. Pas vrai ?
- O... Oui...
- Si c’est pour te voir dans un état pareil demain, je préfère te faire ce choix, dit doucement Mihawk, en versant de l’eau dans le verre, puis en débouchant la fiole. Si le pire arrivait, je veux garder de toi l’image d’un sourire. Si tu n’arrives pas à retenir tes larmes le long du combat, je ne sais pas si je pourrais moi-même continuer. »

Mihawk versa une goutte du contenu de la fiole dans le verre d’eau.

« ... Du... Du « Baiser d’Ange » ? Murmura Opale.
- Oui, dit Mihawk. Tu en sais les effets ?
- Une goutte... Et la personne... qui en a bu.... dort d’un sommeil profond. Et... ce pendant... presque une journée.
- Exactement, répondit Mihawk en rebouchant la fiole. Le « Baiser d’Ange ». C’est un puissant somnifère. Une demi fiole suffirait à tuer un homme. Une goutte, à plonger dans un semi coma, mais ce, sans risque. Si tu ne veux pas voir le combat, et te réveiller bien après, je te laisse le verre dans ta chambre, et tu pourras le boire avant de te coucher. A toi de faire ton choix, Opale. »

La fille essuya les larmes qui coulaient de ses yeux, puis se leva doucement, allant vers son père. Elle enlaça celui-ci, en fermant les yeux.

« Papa... Merci... Merci pour tout... Pour tout ce que tu as fait pour... moi... Pour les sacrifices... que tu as dû faire... pour me rendre heureuse... Par... pardon pour les fois... où j’ai été... désagréable... et méchante dans mes mots... Pardon... Pardon... »

Opale sentit un contact humide dans ses cheveux. Une larme. Puis une autre...

« Opale... je ne suis pas... à l’article de la mort... »

La fille ferma les yeux, se blottissant plus fort dans les bras de Mihawk. Œil de Faucon ne pouvait retenir les larmes. Il pleurait doucement, enlaçant sa fille.

« Et tu n’as aucune raison de t’excuser... j’ai fait tous les sacrifices dont tu parles de plein gré... Dans le simple espoir de voir ma fille sourire. Pour ton mauvais caractère, tu tiens vraisemblablement de moi... »

Il essuya ses larmes d’un revers de la main, puis se détacha doucement de l’étreinte d’Opale.

« J’ai besoin de repos. Nous nous reverrons peut être demain matin, si tel est ton choix... Maintenant, sèche tes larmes... Au fait, cela fait depuis longtemps que je ne me suis pas endormi en musique. Tu veux bien me jouer un air dont tu as le secret ? »

Opale leva les yeux vers ceux de son père. Elle sourit.

« Oui... Bonne nuit, Papa.
- Bonne nuit à toi aussi, Opale. »

Mihawk se détacha d’Opale, puis, après avoir pris le verre de somnifère, avança vers la porte du salon. Il se retourna, adressant un sourire réconfortant à sa fille. Puis dans un silence pesant, il se retourna vers la porte, puis sortit. La fille resta quelques minutes assise dans un fauteuil, regardant le sol d’un air vide. Opale finit par se lever, pour aller à la recherche de sa flûte traversière. Mihawk arriva dans un couloir. Son attention fut attirée par des reniflements.

« Lily ? »

La vieille femme était adossée contre un mur, pleurant doucement. Mihawk alla à sa rencontre, et l’enlaça pour la réconforter.

« Tu as entendu notre conversation ?
- Oui... Pardon... monsieur...
- Ne t’excuse pas, murmura Mihawk en baissant ses yeux vers Lily. Et sèche tes larmes. »

Mihawk arrêta d’enlacer Lily, puis reprit la route vers sa chambre, retenant difficilement des larmes.

***

Zorro avait quasiment dormi pendant tout le début de soirée, avant le repas. En forme, il ne voulait pas aller se coucher directement. Celui-ci s’entraînait dans le jardin de devant, coupant avec facilité un énorme rocher, qui avait déjà des traces d’impacts faites par les habitants du manoir. Alors qu’il se préparait à trancher à nouveau le pauvre rocher, il s’interrompit. Une mélodie... douce, lente, mélancolique... Une mélodie s’élevait non loin, dans le jardin.

***

De sa chambre plongée dans l’obscurité, Mihawk s’était approché de la fenêtre, à l’entente de cette musique.
Elle était là.
Assise sur un banc de pierre, dans le jardin plongé dans les ténèbres, Opale avait porté à sa bouche l’embouchure de la flûte traversière, et jouait, yeux clos. Chant mélancolique, doux, et lent.

« Un hymne à l’amour, pensa Mihawk. Pour qui le joues tu ? »

Dans l’ombre, une silhouette s’approchait. Mihawk reconnut son futur adversaire. Celui-ci marchait à la rencontre d’Opale.

« Roronoa ?... »

La fille continuait à jouer...

Elle avait levé les yeux vers lui, mais ne s’était pas interrompue. Elle continuait à jouer son chant, malgré la présence de Zorro.

Mihawk demeurait impassible, toujours à la fenêtre. C’était donc pour le jeune escrimeur, qu’elle jouait cette hymne à l’amour. En plus d’être rivaux au combat, ils étaient maintenant rivaux pour l’amour de cette fille... Amour paternel contre l’amour frêle entre deux jeunes... Si frêle... si fragile... Un sourire se dessina sur les lèvres de Mihawk.

« Tu es devenue une femme... ma fille. »

Puis doucement, l’homme aux yeux de faucon ferma les rideaux de sa chambre, laissant l’intimité complète pour les deux jeunes.

Zorro demeurait silencieux, écoutant le chant que la fille continuait de jouer. Il ressentait une étrange sensation... Comme lorsque Opale s’approchait trop près de lui, et qu’elle approchait son visage du sien... Il avait froid, et chaud en même temps. Il avait un pincement au cœur, mais se sentait terriblement bien à cet instant... oubliant qu’il était chez son rival et qu’il allait combattre le lendemain... oubliant que cette fille était la fille de son rival. Puis le chant devint plus lent... Une ultime note résonna pendant un long moment, et se perdit dans la nuit. La fille décolla ses lèvres de l’embouchure de sa flûte traversière, et rouvrit les yeux. Elle regarda Zorro... Les deux restaient silencieux, s’observant, se fixant. Doucement, Opale se leva... Doucement, Zorro s’approcha. Doucement, leurs mains se frôlèrent... Doucement, ils s’enlacèrent... Doucement, leurs lèvres s’effleurèrent... Note finale de l’ode à l’amour. Leurs lèvres restèrent collées pendant un long moment, puis doucement se séparèrent.

« Zorro, murmura Opale en le regardant dans les yeux. Je t’aime... »

Le silence se fit durant quelques secondes. Zorro finit par ouvrir la bouche.

« Moi aussi, Opale... je t’aime. »

Ils restèrent enlacés un long moment. Puis chacun d’eux s’éloigna.

« Bonne nuit, Zorro, murmura Opale. Et donne le meilleur de toi-même, pour réaliser ton rêve.
- Tu ne viens pas regarder le combat ? demanda Zorro.
- Je ne sais pas...
- ... alors bonne nuit. »

Opale regarda une dernière fois Zorro, puis marcha jusqu’au manoir. La fille était perdue dans ses pensées. Devait-elle boire le somnifère que son père lui avait préparé ? Quel était le meilleur choix ?... Sans même le remarquer, elle était déjà arrivée dans sa chambre. Elle ne tarda pas à remarquer que le verre était posé sur sa table de chevet. Elle s’approcha, et le prit dans ses mains.

« Mon choix est fait » pensa-t-elle en fermant les yeux, gobelet dans les mains.

***

Le soleil ne tarderait plus à se lever. Mihawk alla réveiller ses invités, en frappant à leurs portes. Certains avaient l’air encore endormi, comme Pipo, dont on ne voyait que le nez sortir d’un tas de cheveux emmêlés, ou Chopper, qui avait les yeux mi-clos. Luffy affichait un air sérieux, ce qui était rare, Zorro ne laissait rien paraître sur son visage. Nami regardait l’escrimeur, sans sourire. Sandy ne disait rien, tout comme Robin. Certains prirent leur petit déjeuner, tandis que d’autres allaient vers la salle de bain. Mihawk alla pendant ce temps vers la chambre d’Opale, et ouvrit doucement la porte. Sur la table de chevet, le verre, qui était la veille rempli de somnifère, était vide. La fille dormait profondément. Mihawk s’approcha, se pencha doucement posant un baiser sur le front de la fille qui soupira dans son sommeil.

« Au revoir, Opale. »

Mihawk sortit doucement, puis regarda une dernière fois Opale, avant de fermer la porte. Lily était là, et le regardait silencieusement.

« Monsieur... Soyez prudent durant ce combat...
- Pourquoi ne le serais je pas ? demanda Mihawk. Lily, je ferais tout pour m’en sortir vivant...
- Monsieur, et si le pire arrivait ???
- Lily... Je te fais confiance... »

Mihawk s’éloigna alors de Lily, le visage sans expression. Il allait chercher ses armes... prêt à combattre.

***

Le soleil se leva, chassant les dernières ténèbres de la nuit. La porte du manoir s’ouvrit. Les pirates, accompagnés par Mihawk, sortirent. Début d’une journée, début d’un combat...


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