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Chapitre XVII : Amours réciproques
L’heure du déjeuner sonna, ce qui ne déplut
pas à Luffy. Encore une fois, le repas préparé par Lily, avec cette
fois ci l’aide de Sandy qui avait insisté pour aider la vieille
femme, ressemblait plus à un banquet qu’à un repas. Les sujets de
discussions fusaient au rythme des tintements des couverts. Seuls
deux personnes restaient silencieuses dans ce brouhaha. Zorro, et
Opale. La fille n’avait pas une seule fois lever le regard vers
l’escrimeur.
« Opale ? »
La fille leva les yeux vers
Luffy.
« Hein ?... Euh oui ? - J’aimerais savoir quelque
chose, dit le garçon au chapeau de paille avant d’avaler le contenu
de son assiette. - Je t’écoute, murmura Opale. - Tu viens
dans notre équipage après, ou pas ? »
Opale sourit,
regardant Luffy.
« Nous verrons le moment venu, Luffy,
dit-elle. Cette fois, laisse moi le temps d’y réfléchir sans me
l’imposer... - C’est pour moi, que tu y réfléchis, Opale ?
Demanda Mihawk. Tu sais déjà mon avis sur le sujet. - En partie,
répondit Opale en baissant les yeux. Mais il y a aussi le fait que
je vous ai déjà attiré trop d’ennuis jusque là, Luffy. - On s’en
fout ! S’exclama Luffy. J’ai déjà eu assez de mal à trouver une
musicienne... »
Opale sourit à Luffy.
« Je ne suis
pas la seule musicienne sur cette mer, déclara la fille. De plus, je
dois encore m’améliorer pour vraiment mériter ce nom ! - Eh,
Tête de Piaf, on peut prendre votre piano à bord ? S’exclama Luffy
des étoiles dans les yeux. Comme ça Opale pourra s’améliorer !!!
- Je crains qu’il ne prenne trop de place dans votre goélette,
répondit Mihawk en regardant le piano dont il était question. -
Nami, on peut mettre le piano à la place de ton bureau ? - ET
PUIS QUOI ENCORE ??? » Hurla la Rousse.
Puis une engueulade
entre le capitaine et la navigatrice éclata à table, accompagnée par
les rires des auditeurs. Zorro leva la tête. Opale riait de bon
cœur. C’était peut être le moment de tenter une quelconque
réconciliation ? A peine pensa-t-il à ça que le bruit des couverts
posés dans les assiettes résonna, et que le bruit des chaises se
faisant déplacer retentit. Sortie de table. Il se leva. Opale était
prête à passer le seuil de la porte, lorsque quelque chose la retint
par le poignet. Elle se retourna, voyant Zorro. La fille rougit
violemment.
« Euh Opale... - WOUAH ZORRO T’AS LA COTE
!!! S’exclama Sandy du couloir. - LA FERME!!! Abruti de
cuistot... - Que me veux tu ? demanda la fille en détournant le
regard. - Je retente de te faire entendre mes excuses, même si
tu n’en veux pas ! - ... - Mais tu vas arrêter de me faire
la gueule ? »
Opale tira, essayant de libérer sa main de
l’étreinte de celle de Zorro. Celui-ci tira également de son côté...
ramenant directement la fille devant lui.
« Excuse moi !!!
Cria presque Zorro. A moins que tu sois bouchée ? »
La fille
rougit, sentant l’escrimeur poser son autre main sur son épaule.
« Comme quoi, on peut avoir des yeux hyper perçants, mais
avoir des oreilles d’ancien ! »
La fille ne répondit rien.
« Tu veux que je te la joue langage des signes ? EXCUSE MOI
!!! »
Opale soupira.
« Es tu sincère ? - Non...
Tu me prends pour un Abruti ma parole ?! - J’aurais tendance à
le confirmer, même. - Bon, si ça peut te faire plaisir, le con,
l’abruti, l’Asperge, le Poireau, Tête d’Algue, Tête de Gazon te
présente ses EXCUSES !!! Géant Vert aussi si ça te fait plaisir !!!
Mais arrête de tirer cette tronche, merde !!! »
Une gifle...
Zorro s’en retrouva tout secoué, ne s’y attendant pas. Et un aller
retour en plus ! Deuxième claquement.
« MAIS T’ES CINGLEE ?!
- ... Maintenant, tu es excusé, Crétin ! »
En plus, elle
disait ça en souriant... et en plus, elle avait frappé sans
ménagement. Zorro n’y comprenait rien, les filles étaient toutes des
folles... Il aurait presque envie de plaindre Sandy.
« Bien
!!! Déclara Opale aux pirates. Nous n’allons pas rester à nous
ennuyer ici tout l’après midi ! Je vous conseille de prendre vos
maillots de bain. »
***
« SUPER !!! » S’exclama
Pipo.
Ils venaient de pénétrer sous une sorte de serre,
reliée au manoir. Sous cette serre, une immense piscine se trouvait
là. En caleçon de bain, Pipo toucha du doigt de pied l’eau.
« Génial !!! » ajouta-t-il avant de plonger.
Pipo
fut rapidement suivi de Nami et Sandy. Luffy regardait ce spectacle
d’un air jaloux, et Chopper d’un air déçu.
« Ah oui, c’est
vrai, dit Opale en regardant les deux pirates. Vous voulez vous
baigner ? - On sait pas nager, murmura Chopper. - Ce n’est
pas une raison, déclara la fille aux yeux de faucon. - Voilà,
Mademoiselle !!! » S’exclama Lily en apparaissant comme par
enchantement.
Dans une main, Lily tenait une bouée standard,
de l’autre, des bouchons de natation.
« Super !!! S’exclama
Luffy. C’est à toi, Opale ? - C’était, corrigea la fille. J’ai
dû abandonner la bouée à quatre ou cinq ans, les bouchons un ou deux
ans après. Enfin avec ça, aucun risque de couler ! »
Une
fois ceinturé, Luffy prit son élan, et plongea... N’allant pas très
profond, remontant presque directement. Le garçon se débattait comme
un diable, ayant peur de couler.
« La confiance règne »
pensa Opale, une goutte derrière la tête.
Chopper avait à
présent la bouée autour de lui, et rejoignit par l’échelle les
autres. Robin s’était installée dans le jardin, juste à côté d’une
entrée de la serre, et bronzait tranquillement. Zorro, lui, toujours
habillé, était debout dans un coin.
« Bande de gamins... »
Ses pensées furent interrompues, lorsque Opale fit une
magnifique bombe, trempant l’escrimeur grognon. Zorro, s’approcha de
la piscine, essayant de voir Opale.
« MAIS CA VA PAS LA TETE
??? »
Oups... l’escrimeur baissa ses yeux... une main était
accrochée à sa jambe.
« Héhé, rit nerveusement Zorro. Je
n’ai pas env... »
L’escrimeur fut tiré, et se retrouva sous
l’eau quelques instants, voyant Opale nager, un sourire moqueur sur
ses lèvres. Zorro remonta, reprenant sa respiration.
« MAIS
T’ES CINGLEE ??? - Tu sais, Zorro, je suis rancunière » déclara
Opale après être remontée.
L’escrimeur se mit à nager vers
le bord du bassin, avec autant d’élégance qu’un chien jeté à l’eau
pour la première fois.
« Quel excellent nageur, ricana Opale
quand Zorro se hissa hors de la piscine. - La ferme » dit Zorro
en essorant ses vêtements.
Luffy et Chopper clapotaient
joyeusement, profitant de ce temps de récréation de leur première
baignade sans risque. Zorro sortit de la serre, allant au soleil
pour sécher ses vêtements. Opale faisait la planche, d’un air
songeur. C’était le lendemain que le combat aurait lieu... la fille
ferma les yeux. Elle devait parler à Zorro... Ce jour était la
dernière occasion, si le combat finissait mal. Son cœur se serra
alors. Ce ne serait pas un combat comme les autres pour elle. La
fille avait déjà assisté lors de nombreux voyages à des combats
opposant des pirates à son père. Jusque là, jamais elle n’avait eu
peur... car à chaque fois, elle était certaine de l’issue du
combat... Et elle se fichait bien de voir les pirates défier son
père mourir. Là, tout était différent. Deux personnes, à qui elle
tenait, allaient se battre, et ce, certainement à mort. Pourquoi
est-ce que la personne qu’elle aimait devait être un rival de son
père ??? Si elle avait su la tournure des choses... Jamais elle
n’aurait voulu rencontrer Luffy... Jamais elle n’aurait voulu
embarquer à bord du Vogue Merry... Jamais elle n’aurait voulu être
si proche de Zorro.
« EH !!! - Ah ??? »
Opale
s’était cognée contre Luffy, qui se mit à se débattre comme un fou
pour ne pas couler. La fille se redressa à la verticale, d’une main
se frottant la tête, que Luffy, en nageant, avait percuté avec son
coude.
« Dé... Désolée Luffy, je crois que j’étais perdue
dans mes pensées ! - Gloub !!! AH !!! Pas grave !!! WAAAAAAAAH
!!! - ... Luffy, tu as pied ici... - Ah ?... Héhé ! »
Opale nagea vers le rebord du bassin, et sortit de l’eau. La
fille s’enveloppa dans une serviette, et marcha vers l’extérieur de
la serre. Elle marchait à la rencontre de Zorro. Robin, voyant la
fille arriver, sourit, et se leva, laissant les deux jeunes seuls.
« Zorro ? »
Le jeune homme, toujours essorant son
T-shirt, se tourna vers Opale. Tiens, elle n’avait plus l’air aussi
moqueuse... ni aussi joyeuse.
« Ouais ? Dit Zorro d’un ton
indifférent. - J’aimerais... te parler... - C’est ce que tu
es en train de faire, déclara l’escrimeur. - Je suis sérieuse,
Zorro... »
Le jeune homme fronça les sourcils.
« Ca
ne va pas ? demanda-t-il, légèrement inquiet. - On peut dire ça,
murmura Opale. Je viens de me rendre compte... que demain, à cette
heure, je ne pourrais peut être plus te parler... Et... »
La
fille se tut, détournant la tête. Houlà.
« Tu vas pas nous
faire une crise de nerf ? S’inquiéta Zorro. - Pour l’amour du
ciel, Zorro !!! S’exclama Opale. Je suis sérieuse ! »
Oui...
Elle avait l’air sérieuse. L’escrimeur garda le silence quelques
instants. S’il ne voulait pas se retrouver au même stade que la nuit
dernière, il devait peser les mots avant de les sortir...
«
Hum... Pardon. Vas-y... Je t’écoute. - J’ai... J’ai peur. -
Quoi ??? »
Elle allait vraiment mal, là. Elle, une femme
fatale, peur ? Opale soupira.
« Et c’est seulement la veille
du jour J que je me rend compte à quel point un évènement peut me
faire peur, murmura Opale. - Hé... de quoi as-tu peur ? - De
ce qu’il pourrait se passer demain, murmura Opale. Peur de l’issue
du combat... - ... Ecoute, si ça peut te faire plaisir je...
- NON !!! Hurla Opale, puis en reprenant plus bas. Justement, je
ne veux pas que tu me prennes en compte pour ce combat, comme ce que
tu avais l’air de penser hier soir... - Opale... - Ecoute
moi, Zorro !!! Mon père ne jurait que par toi depuis votre première
rencontre, en Eastblue. - Tu es au courant ? S’exclama Zorro.
- Et comment, reprit Opale d’un air triste. Ce ne serait presque
pas une métaphore si je disais qu’il regardait tous les jours par la
fenêtre, voir si tu arrivais... Je sais à quel point il tient à ce
combat... Et je ne veux pas être un boulet dans cette histoire.
- Opale... - Zorro, promets moi de ne pas penser à moi, de
ne penser qu’à toi et en ton rêve !!! - ... Promis, Opale...
- ... Juré ? - ... Craché. »
La fille sourit...
Zorro resta paralysé. Elle recommençait !!! Elle approchait son
visage du sien, sur la pointe des pieds.
« Opale... -
LUFFY EST EN TRAIN DE SE NOYER !!! »
Le cri de Chopper brisa
le silence du jardin. Zorro vit Opale tourner des talons à toute
vitesse, lâcher sa serviette en pleine course, ses sandales, entrer
à toute vitesse sous la serre, et plonger.
« ... Un rôti de
renne... » Pensa Zorro.
***
Dîner. Cette fois,
l’ambiance avait l’air plus lourde que celle de la veille.
«
Treize heures, trente trois minutes, cinquante-cinq secondes,
murmura Pipo en regardant d’un air grave sa montre. Trei... »
Une main sortie de nulle part se plaqua sur la bouche de
Pipo. Le jeune homme au long nez lança un regard interrogateur à
Robin, qui désignait d’un discret signe de tête une Opale
visiblement pas en forme. Malgré quelques discussions de tout et de
rien de la part de certains, l’ambiance était palpable... Le
lendemain midi, la table accueillerait peut être une personne en
moins. Les regards se tournaient souvent vers les deux escrimeurs,
qui restaient sereins.
« Je comprendrais jamais les hommes
d’armes, murmura Pipo à Sandy. - En tout cas, susurra le blond,
je plains Œil de Faucon qu’il y ait dans ce cercle un abruti aux
cheveux verts pour ternir l’image des escrimeurs. »
Eternuements de la part des deux escrimeurs.
«
Quelqu’un pense à nous, ironisa Zorro. Et mes oreilles bourdonnent.
Blondinet ? - Oui ? Dit Sandy d’un air moqueur. - Tu
n’enverrais pas des ondes négatives vers mes oreilles ? - Wouah,
comment t’as deviné ? Rit Sandy. - Il y a qu’un abruti dans ton
genre pour avoir l’audace de m’insulter en douce... - Tu as donc
un cerveau au milieu de l’algue !!! - Répète ??? - UNE
BAGARRE !!! Hurla Luffy en tendant ses bras en l’air, brandissant
des cuisses de poulet. - Pas de bagarre !!! Coupèrent Nami et
Lily en assommant pour l’une Sandy, pour l’autre Zorro. - Pas
juste, murmura Sandy. Si on ne peut plus rire une dernière fois... »
Opale leva les yeux vers Sandy. La fille n’avait quasiment
pas touché à son assiette, et en plus, le pauvre cuisinier avait
remué le couteau dans la plaie sans le vouloir.
« Excusez
moi, murmura Opale en se levant. Je ne me sens pas très bien...
- Mademoiselle ? » S’exclama Lily.
La fille, d’un pas
assez rapide, était sortie du salon. Elle sortit dans le jardin de
devant, pour prendre l’air, se sentant mal. La fille était surprise.
Jamais elle n’avait autant angoissé comme ça auparavant, quand un
combat entre son père et un autre escrimeur avait lieu.
***
Les hôtes regardaient la porte du salon, d’un air surpris.
« Qu’est ce qu’elle a, Opale ? Murmura Chopper d’un air
inquiet. - Opale San ! s’exclama Sandy. - Elle est encore
malade ? » Demanda Luffy en croquant dans une cuisse de poulet.
Zorro restait silencieux. Même si la fille avait l’air
solide, elle était au fond fragile. Ce combat le stressait, mais
rien de plus. Mais il l’avait vu dans les yeux d’Opale, elle, elle
souffrait. Mais elle le cachait.
« Je vais aller la voir,
dit Lily. - Non ! Coupa Mihawk. Lily, laisse la seule. -
Monsieur... - Je crois qu’elle a besoin d’être un peu seule.
Laisse, Lily. »
La vieille femme soupira, puis se rassit. Le
repas se termina dans un lourd silence, puis Mihawk invita les
pirates à se préparer à aller se coucher... Le lendemain matin, un
grand combat aurait lieu... Pour certain, la nuit allait être
longue. Ainsi, tout le monde partit vers sa chambre. Mihawk, lui,
marcha un peu dans le manoir, et s’arrêta devant la porte du petit
salon. Il poussa doucement la porte.
« J’étais certain de te
trouver là, Opale. »
En effet, dans un grand fauteuil, Opale
était assise, pleurant silencieusement. Mihawk soupira, puis
s’approcha d’elle. Il prit place sur un siège juste à côté.
« Opale, dis moi ce que tu as sur le cœur... Tu ne dois pas
garder une souffrance pour toi, surtout si c’est pour te mettre dans
un tel état. - Papa... »
Elle sanglota, avant de
continuer.
« .. J’ai peur... - C’est normal, déclara
Mihawk en fermant les yeux. - J’ai... J’ai peur de l’issue... du
combat... »
Mihawk se leva, et s’installa dans le même
fauteuil qu’Opale, assez large pour accueillir deux personnes. La
fille colla sa tête contre le torse de son père, continuant à verser
silencieusement des larmes.
« Tu sais, Opale, dit doucement
Mihawk. Moi aussi, j’ai peur de l’issue que pourrait prendre le
combat. N’ais pas honte, je te comprends. - Papa... »
La
fille versa de nouvelles larmes. Mihawk passa une main réconfortante
dans les cheveux noirs de jais d’Opale.
« Ne pleure pas
déjà, murmura doucement Mihawk. J’ai l’impression d’être déjà mort,
à te voir dans cet état. Et qui te dit que l’un de nous deux mourra
? - Arrête, sanglota Opale. Je... Je te connais tr... trop bien.
Le plus souvent, c’est... jusqu’à la mort... - Opale... -
Com... Combien de fois es tu revenu... à la maison, à moitié mort ?
Ne... le nie pas... - Je sais, Opale... »
Doucement,
Mihawk se libéra de l’étreinte d’Opale. Il alla vers une commode
avec des tiroirs. La fille le regardait sans dire mot. Mihawk sortit
d’un tiroir une fiole, puis il alla jusqu’à la table basse, et prit
un verre et une bouteille d’eau. Il regarda sa fille, montrant la
fiole.
« Opale, dit-il d’un ton doux. Je ne t’oblige pas à
voir ce combat, si tu ne te sens pas prête. Te voir dans un tel état
pourrait me faire renoncer, et cela serait un déshonneur, car c’est
moi qui ai proposé le combat. - Je... Je sais... - Je sais
également que ton cœur est partagé. Tu as peur de l’issue du
combat... mais tu ne veux pas nous empêcher de le faire. Pas vrai ?
- O... Oui... - Si c’est pour te voir dans un état pareil
demain, je préfère te faire ce choix, dit doucement Mihawk, en
versant de l’eau dans le verre, puis en débouchant la fiole. Si le
pire arrivait, je veux garder de toi l’image d’un sourire. Si tu
n’arrives pas à retenir tes larmes le long du combat, je ne sais pas
si je pourrais moi-même continuer. »
Mihawk versa une goutte
du contenu de la fiole dans le verre d’eau.
« ... Du... Du «
Baiser d’Ange » ? Murmura Opale. - Oui, dit Mihawk. Tu en sais
les effets ? - Une goutte... Et la personne... qui en a bu....
dort d’un sommeil profond. Et... ce pendant... presque une journée.
- Exactement, répondit Mihawk en rebouchant la fiole. Le «
Baiser d’Ange ». C’est un puissant somnifère. Une demi fiole
suffirait à tuer un homme. Une goutte, à plonger dans un semi coma,
mais ce, sans risque. Si tu ne veux pas voir le combat, et te
réveiller bien après, je te laisse le verre dans ta chambre, et tu
pourras le boire avant de te coucher. A toi de faire ton choix,
Opale. »
La fille essuya les larmes qui coulaient de ses
yeux, puis se leva doucement, allant vers son père. Elle enlaça
celui-ci, en fermant les yeux.
« Papa... Merci... Merci pour
tout... Pour tout ce que tu as fait pour... moi... Pour les
sacrifices... que tu as dû faire... pour me rendre heureuse...
Par... pardon pour les fois... où j’ai été... désagréable... et
méchante dans mes mots... Pardon... Pardon... »
Opale sentit
un contact humide dans ses cheveux. Une larme. Puis une autre...
« Opale... je ne suis pas... à l’article de la mort... »
La fille ferma les yeux, se blottissant plus fort dans les
bras de Mihawk. Œil de Faucon ne pouvait retenir les larmes. Il
pleurait doucement, enlaçant sa fille.
« Et tu n’as aucune
raison de t’excuser... j’ai fait tous les sacrifices dont tu parles
de plein gré... Dans le simple espoir de voir ma fille sourire. Pour
ton mauvais caractère, tu tiens vraisemblablement de moi... »
Il essuya ses larmes d’un revers de la main, puis se détacha
doucement de l’étreinte d’Opale.
« J’ai besoin de repos.
Nous nous reverrons peut être demain matin, si tel est ton choix...
Maintenant, sèche tes larmes... Au fait, cela fait depuis longtemps
que je ne me suis pas endormi en musique. Tu veux bien me jouer un
air dont tu as le secret ? »
Opale leva les yeux vers ceux
de son père. Elle sourit.
« Oui... Bonne nuit, Papa. -
Bonne nuit à toi aussi, Opale. »
Mihawk se détacha d’Opale,
puis, après avoir pris le verre de somnifère, avança vers la porte
du salon. Il se retourna, adressant un sourire réconfortant à sa
fille. Puis dans un silence pesant, il se retourna vers la porte,
puis sortit. La fille resta quelques minutes assise dans un
fauteuil, regardant le sol d’un air vide. Opale finit par se lever,
pour aller à la recherche de sa flûte traversière. Mihawk arriva
dans un couloir. Son attention fut attirée par des reniflements.
« Lily ? »
La vieille femme était adossée contre un
mur, pleurant doucement. Mihawk alla à sa rencontre, et l’enlaça
pour la réconforter.
« Tu as entendu notre conversation ?
- Oui... Pardon... monsieur... - Ne t’excuse pas, murmura
Mihawk en baissant ses yeux vers Lily. Et sèche tes larmes. »
Mihawk arrêta d’enlacer Lily, puis reprit la route vers sa
chambre, retenant difficilement des larmes.
***
Zorro avait quasiment dormi pendant tout le début de soirée,
avant le repas. En forme, il ne voulait pas aller se coucher
directement. Celui-ci s’entraînait dans le jardin de devant, coupant
avec facilité un énorme rocher, qui avait déjà des traces d’impacts
faites par les habitants du manoir. Alors qu’il se préparait à
trancher à nouveau le pauvre rocher, il s’interrompit. Une
mélodie... douce, lente, mélancolique... Une mélodie s’élevait non
loin, dans le jardin.
***
De sa chambre plongée dans
l’obscurité, Mihawk s’était approché de la fenêtre, à l’entente de
cette musique. Elle était là. Assise sur un banc de pierre,
dans le jardin plongé dans les ténèbres, Opale avait porté à sa
bouche l’embouchure de la flûte traversière, et jouait, yeux clos.
Chant mélancolique, doux, et lent.
« Un hymne à l’amour,
pensa Mihawk. Pour qui le joues tu ? »
Dans l’ombre, une
silhouette s’approchait. Mihawk reconnut son futur adversaire.
Celui-ci marchait à la rencontre d’Opale.
« Roronoa ?... »
La fille continuait à jouer...
Elle avait levé les
yeux vers lui, mais ne s’était pas interrompue. Elle continuait à
jouer son chant, malgré la présence de Zorro.
Mihawk
demeurait impassible, toujours à la fenêtre. C’était donc pour le
jeune escrimeur, qu’elle jouait cette hymne à l’amour. En plus
d’être rivaux au combat, ils étaient maintenant rivaux pour l’amour
de cette fille... Amour paternel contre l’amour frêle entre deux
jeunes... Si frêle... si fragile... Un sourire se dessina sur les
lèvres de Mihawk.
« Tu es devenue une femme... ma fille. »
Puis doucement, l’homme aux yeux de faucon ferma les rideaux
de sa chambre, laissant l’intimité complète pour les deux jeunes.
Zorro demeurait silencieux, écoutant le chant que la fille
continuait de jouer. Il ressentait une étrange sensation... Comme
lorsque Opale s’approchait trop près de lui, et qu’elle approchait
son visage du sien... Il avait froid, et chaud en même temps. Il
avait un pincement au cœur, mais se sentait terriblement bien à cet
instant... oubliant qu’il était chez son rival et qu’il allait
combattre le lendemain... oubliant que cette fille était la fille de
son rival. Puis le chant devint plus lent... Une ultime note résonna
pendant un long moment, et se perdit dans la nuit. La fille décolla
ses lèvres de l’embouchure de sa flûte traversière, et rouvrit les
yeux. Elle regarda Zorro... Les deux restaient silencieux,
s’observant, se fixant. Doucement, Opale se leva... Doucement, Zorro
s’approcha. Doucement, leurs mains se frôlèrent... Doucement, ils
s’enlacèrent... Doucement, leurs lèvres s’effleurèrent... Note
finale de l’ode à l’amour. Leurs lèvres restèrent collées pendant un
long moment, puis doucement se séparèrent.
« Zorro, murmura
Opale en le regardant dans les yeux. Je t’aime... »
Le
silence se fit durant quelques secondes. Zorro finit par ouvrir la
bouche.
« Moi aussi, Opale... je t’aime. »
Ils
restèrent enlacés un long moment. Puis chacun d’eux s’éloigna.
« Bonne nuit, Zorro, murmura Opale. Et donne le meilleur de
toi-même, pour réaliser ton rêve. - Tu ne viens pas regarder le
combat ? demanda Zorro. - Je ne sais pas... - ... alors
bonne nuit. »
Opale regarda une dernière fois Zorro, puis
marcha jusqu’au manoir. La fille était perdue dans ses pensées.
Devait-elle boire le somnifère que son père lui avait préparé ? Quel
était le meilleur choix ?... Sans même le remarquer, elle était déjà
arrivée dans sa chambre. Elle ne tarda pas à remarquer que le verre
était posé sur sa table de chevet. Elle s’approcha, et le prit dans
ses mains.
« Mon choix est fait » pensa-t-elle en fermant
les yeux, gobelet dans les mains.
***
Le soleil ne
tarderait plus à se lever. Mihawk alla réveiller ses invités, en
frappant à leurs portes. Certains avaient l’air encore endormi,
comme Pipo, dont on ne voyait que le nez sortir d’un tas de cheveux
emmêlés, ou Chopper, qui avait les yeux mi-clos. Luffy affichait un
air sérieux, ce qui était rare, Zorro ne laissait rien paraître sur
son visage. Nami regardait l’escrimeur, sans sourire. Sandy ne
disait rien, tout comme Robin. Certains prirent leur petit déjeuner,
tandis que d’autres allaient vers la salle de bain. Mihawk alla
pendant ce temps vers la chambre d’Opale, et ouvrit doucement la
porte. Sur la table de chevet, le verre, qui était la veille rempli
de somnifère, était vide. La fille dormait profondément. Mihawk
s’approcha, se pencha doucement posant un baiser sur le front de la
fille qui soupira dans son sommeil.
« Au revoir, Opale. »
Mihawk sortit doucement, puis regarda une dernière fois
Opale, avant de fermer la porte. Lily était là, et le regardait
silencieusement.
« Monsieur... Soyez prudent durant ce
combat... - Pourquoi ne le serais je pas ? demanda Mihawk. Lily,
je ferais tout pour m’en sortir vivant... - Monsieur, et si le
pire arrivait ??? - Lily... Je te fais confiance... »
Mihawk s’éloigna alors de Lily, le visage sans expression.
Il allait chercher ses armes... prêt à combattre.
***
Le soleil se leva, chassant les dernières ténèbres de la
nuit. La porte du manoir s’ouvrit. Les pirates, accompagnés par
Mihawk, sortirent. Début d’une journée, début d’un combat...
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